Ne la touchez pas
Ne la touchez pas,
ne la touchez pas.
Elle porte son paradis.
Envolée, toute petitesse
Se taire est la seule sagesse.
Tous les péchés s’effacent devant elle.
Sa robe devient lourde et toute chair blessée
reprend l’odeur surnaturelle
du doigt de Dieu pour se guérir et se fermer.
Ne la touchez pas,
ne la touchez pas.
Elle est le verre débordant,
elle est l’envers, elle est l’endroit,
elle est la grive dans le vent.
Regardez-la
car elle porte son enfant.
Luc VAN BRABANT, Cœur de dynamite.
Recueilli dans Anthologie de la poésie
néerlandaise de Belgique (1830-1966),
choix de textes et traduction par Maurice Carême,
Éditions Aubier-Montaigne, 1967.