Le credo de l’humanité
Oui, le Seigneur est grand ! Éternel dans l’immense,
Pour lui rien ne finit, pour lui rien ne commence.
Auprès de sa splendeur toute splendeur pâlit.
Les foudres dans les cieux se taisent quand il passe.
Les astres éblouis tressaillent dans l’espace,
Et l’Océan profond frissonne dans son lit.
—
Oui, le Seigneur est fort ! Sa parole féconde
Du ventre du chaos a fait sortir le monde,
Et son doigt aux soleils a tracé leurs chemins.
Sur son axe invisible il fait tourner la terre,
Et du torrent des jours, dont il sait le mystère,
Il tient l’urne en ses mains.
—
Oui, le Seigneur est bon ! Pour toute créature
Il fait incessamment travailler la nature.
La source des rochers et l’arbre des forêts,
Les saisons et les jours font chacun leur ouvrage,
Le soleil et le vent, même jusqu’à l’orage
Qui féconde le germe au sillon des guérets.
—
Aussi, que toute voix, Seigneur, te glorifie,
Toi, maître de la mort et maître de la vie,
Toi que nous adorons, toi dans qui nous croyons,
Et qui, dans nos sentiers d’angoisse et de souffrance,
Fais resplendir enfin cet astre d’espérance
Dont voici les rayons !
—
Que ce phare toujours, Ô Seigneur, nous dirige,
Flambeau divin par qui notre nuit se corrige !
Vers le bien et le vrai guide notre raison.
Règle, jetant l’oubli sur nos fautes passées,
Toutes nos actions et toutes nos pensées,
Et sois notre seul but, notre seul horizon.
—
Sois toujours l’eau vivante où notre âme s’abreuve.
Que nos cœurs sans murmure acceptent toute épreuve.
Que notre pied demeure au sentier de ta loi.
Laisse régner toujours la concorde où nous sommes,
Et donne-nous d’aimer, ô Seigneur, tous les hommes,
Tous nos frères en toi.
—
Tous nos frères en toi, garde-les dans ton ombre.
Verse-leur le trésor de tes grâces sans nombre.
Fais régner le bonheur sous leurs toits triomphants,
Et bénis à la fois leurs champs toujours prospères,
Le seuil de leurs maisons, les tombes de leurs pères
Et les berceaux joyeux où dorment leurs enfants.
—
Dispense de tes mains, ô Seigneur, toujours pleines
Les toisons à leurs prés, les moissons à leurs plaines,
À leur cœur la lumière, à leur esprit le jour.
Qu’ils vivent dans la joie et dans la paix sereine.
Ôte aux grands le mépris, ôte aux petits la haine,
Et donne à tous l’amour !
André VAN HASSELT, Les quatre incarnations du Christ, chant IV.
Recueilli dans Morceaux choisis des poètes belges, B. Van Hollebeke, Namur, 1874.