Mains jointes
Mains jointes comme enfin lourdes d’inexorable,
Froides de la froideur des choses d’ici-bas
Mais libres de saisir des rayons ineffables,
Ah ! que vous êtes près de tenir l’Au-delà.
Mains vides de la tâche accomplie et louable
Avec en moins le poids allongé de vos bras,
Vous qui ne serez plus ni chastes ni coupables
Et toujours garderez la pose du trépas ;
Mains ne possédant plus ni charme, ni fortune,
Sans l’ombre d’un désir ni geste de rancune
Et sans fin vous prêtez aux funèbres décors ;
Vous qui dûtes surtout redescendre à la terre
Et subir les reculs de Souvenances chères :
Oh ! qu’attendez-vous donc aux poitrines des morts ?...
Rosario VENNE, La chaîne aux anneaux d’or,
Éditions Chantecler, 1952.