Le 2 novembre
Hôtes de nos pensers tristes, morts tant aimés,
Voici votre grand jour de deuil qui nous arrive,
Et tous nos souvenirs allant à la dérive
Soudain vers vos cercueils se tournent ranimés.
Quelque chose de nous en vos tombeaux fermés
Habite : notre cœur à votre cœur se rive,
Il nous suit familier et pieux sur la rive
Où depuis si longtemps vous vivez transformés.
Et nous avons choisi les moments de l’automne
Où, dans les bois lointains, le vent du nord entonne
La funèbre chanson des hivers attristants,
Pour nous agenouiller, recueillis sur vos pierres,
Y mettre nos bouquets de fleurs et de prières
Et vous donner ce qui nous reste du printemps.
1879
Émile VERHAEREN, Poésies de jeunesse.
Recueilli dans Poèmes chrétiens de Verhaeren,
présentés et commentés par André Mabille de Poncheville,
Duculot, 1968.