Elle
L’âme antique était rude et vaine
Et ne voyait dans la douleur
Que l’acuité de la peine
Ou l’étonnement du malheur...
La douleur chrétienne est immense
Elle, comme le cœur humain
Elle souffre, puis elle pense
Et calme, poursuit son chemin.
Elle est debout sur le Calvaire
Pleine de larmes et sans cris,
C’est également une mère
Mais quelle mère, de quel fils ?
Elle participe au supplice
Qui sauve toute nation
Attendrissant le sacrifice
Par sa vaste compassion.
Et comme tous sont les fils d’elle,
Sur le monde et sur sa langueur,
Toute la charité ruisselle,
Des sept blessures de son cœur.
Au jour qu’il faudra, pour la gloire
Des cieux enfin tout grands ouverts
Ceux qui surent et purent croire
Bon et doux, sauf au seul pervers.
Ceux-là, vers la joie infinie
Sur la colline de Sion
Monteront d’une aile bénie
Aux plis de son Assomption.
Paul VERLAINE.