Les larmes d’un sculpteur

 

 

                                À M***.

 

 

Toi qui, me soutenant aux jours de la misère,

Relevais mes ciseaux et mon front abattu,

Marie ! ô me vois-tu le front dans la poussière ;

Mon pauvre ange envolé, m’entends-tu, me vois-tu ?

 

De mes premiers succès je t’apporte l’hommage,

À toi qui comprenais les merveilles du beau,

Hélas ! tu n’es plus là pour tromper mon courage,

Ni pour sécher mes pleurs inondant ce tombeau.

 

Oh ! va, je ne crois pas à l’éternel veuvage

Auquel m’a condamné ton trépas douloureux ;

J’attends qu’un Dieu clément m’ordonne le voyage

Qui doit nous réunir au séjour des heureux.

 

 

                                                            Paris, 1869.

 

 

 

Théodore VÉRON, Les mélodies, 1870.

 

 

 

 

 

 

 

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