Une victime de la calomnie

 

 

Tu voulais que mon nom eût une flétrissure,

Toi qui me hais toujours et devait tant m’aimer !

Ô vil serpent, mon cœur saigne de ta morsure,

Car j’étais hier l’oiseau que tu savais charmer.

 

Le Seigneur l’a permis ! Oh ! mon mal, je t’assure,

Me brûle sans relâche et me doit consumer ;

Mon crime fut bien grand : J’en juge à la blessure,

Oui, ma plaie est profonde et ne peut se fermer !

 

Le malheur à ton tour devant tes yeux se lève ;

Il te montre du doigt mon sein percé d’un glaive ;

Il te suivra longtemps comme un puissant remord ;

 

Et, moi, quand je m’adresse à toute la nature,

La bienfaisante main de nulle créature

Ne saura me guérir... hors celle de la mort !

 

 

                                                             Beaulieu.

 

 

Louis de VEYRIÈRES.

 

Paru dans Les voix poétiques en 1868.

 

 

 

 

 

 

 

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