La cloche du village
Du berceau à la tombe, vous l’accompagnez
de vos sons tantôt tristes, tantôt joyeux, plus
souvent tristes, hélas ! Car la vie de l’homme
est une trame faite de larmes et de souffrances.
Dr ORDINAIRE.
OH ! Silence ! – Écoutons cette voix métallique
Qui vibre doucement dans l’écho du hameau !
C’est l’heure où le berger, ramenant son troupeau,
Reviens frais et joyeux au foyer domestique.
Il bénit cette voix à l’accent poétique
Dont le gai carillon salua son berceau,
Et qui demain peut-être, au seuil de son tombeau,
Tintera tristement son adieu sympathique.
Elle appelle au travail et conduit au repos,
Chante avec les plaisirs, pleure avec les sanglots,
Et des calamités annonce le passage !
C’est la voix du passé, la voix de l’avenir !
Je t’aime et te salue, ô cloche du village !
Puisse à mon dernier râle, un jour, ta voix s’unir !
J.-Élie VIALLET.
Recueilli dans Le Parnasse contemporain savoyard,
publié par Charles Buet, 1889.