Prière d’un traître
J’ai frappé vainement aux portes de ton temple,
Et ses échos muets ne m’ont pas répondu ;
Te déplaît-il, Seigneur, qu’un traître te contemple ?
Du cri de mes remords n’as-tu rien entendu ?
Toi, qui du sacrifice avais donné l’exemple
En mourant sur la croix du Messie attendu,
De hontes te faut-il une moisson plus ample
Pour attendrir le Dieu que Judas a vendu ?
J’ai placé sur ton nom ma suprême espérance ;
Dans les fers, je subis sous l’ombre du silence
L’opprobre du pays dont j’ai bravé les lois.
Je crois que pour sauver un criminel immonde,
Pour laver mon forfait, tu reviendrais au monde
Si tu pouvais mourir une seconde fois !
Camille VIAL.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.