Ne croyez pas...
Ne croyez pas,
Pour ce qu’avril rit rose
Dans les vergers
Ou pâlit de l’excès voluptueux des fleurs
Que toutes choses
Sont selon nos gais cœurs,
Et qu’il n’est plus une soif à étancher.
Ne croyez pas,
Glorieux des gloires automnales,
Ivres des vins jaillis que boit l’épi qu’on foule,
Qu’il n’est plus une faim que rien ne soûle ;
Car décembre est en marche dans la nuit pâle.
Oui, mais ne croyez pas,
– Parce qu’autour de vous toute âme est vile,
Et que la foule adore son vice servile ;
Parce que, sur la plaine, où le Mystère halette !
Courbant l’épi, froissant la feuille, d’ailes inquiètes
Grandit la ville ; –
Ne croyez pas
– Bien que tout cœur soit bas –
Que le vieil Angélus sonne à jamais le glas ;
Croyez, sachez, criez à pleine voix
Que l’Amour est vainqueur et que l’Espoir est roi !
Francis VIELÉ-GRIFFIN.