Matin de dimanche

 

 

C’est un matin très doux de septembre, un dimanche,

Un matin sans éclat et sans lumière blanche ;

Le jour, en frissonnant, reflète le ciel gris ;

De lents brouillards aux flancs des mornes bleus s’allongent ;

Des échos de tonnerre, en roulant, se prolongent ;

Un vent humide passe et fait trembler les nids.

 

C’est un matin très doux de dimanche en septembre ;

Dans l’air flotte comme une odeur d’encens et d’ambre ;

Des cloches lancent haut un appel musical ;

La voix des cloches monte ; et d’autres voix ferventes,

Des voix que le péché maudit rend suppliantes,

Vont dire au pied des croix l’ave dominical.

 

Mon âme au clair appel se réveille et tressaille ;

Mon cœur d’orgueil, de doute et de faute, défaille ;

La douceur passe en moi d’une obscure oraison ;

Je sens l’horreur du rire impie et du blasphème,

Et songe à l’onction suave du saint-crème,

Tandis qu’un coin du ciel bleuit à l’horizon.

 

Ô matin calme et gris, repos sacré des branches,

Frisson des nids, joyeux carillons des dimanches,

Qui portez la prière en ondes vers l’azur,

Heure où dans la clarté du cierge on communie,

Heure sainte où le front superbe s’humilie,

Je nie retrouve un cœur d’enfant croyant et pur !

 

 

 

Damoclès VIEUX.

 

Quinze ans de poésie française à travers le monde,

Anthologie internationale,

textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,

France Universelle, 1927.

 

 

 

 

 

 

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