Primavera
Voici les premiers jours de printemps et d’ombrage,
Déjà chantent les doux oiseaux ;
Et la mélancolie habite le feuillage ;
Les vents attiédis soufflent dans le bocage
Et font frissonner les ruisseaux.
Et les concerts légers que le printemps amène
Avec ses rayons et ses fleurs ;
Les troupeaux mugissants, la verdoyante plaine,
Et les blancs papillons qui respirent l’haleine
Des violettes tout en pleurs ;
Et l’air nouveau chargé de parfums et de vie,
L’azur où luit le soleil d’or,
Réveillant de l’hiver la campagne ravie,
C’est toute une prière où le ciel nous convie
À nous sentir jeunes encor.
Entends les mille voix de la nature immense ;
Elles nous parlent tour à tour.
Ma belle, on les comprend souvent sans qu’on y pense :
Le rayon nous dit : « Dieu ! » la nature : « Espérance ! »
La violette dit : « Amour ! »
Auguste de VILLIERS DE L’ISLE-ADAM.