Souviens-toi
Quand tout semble crouler, lorsque ma foi vacille,
Quand le doute cruel s’est approché de moi,
Regarde dans les cieux cet astre qui scintille ;
Du Dieu qui l’a créé, mon âme, souviens-toi.
Lorsqu’au nom du savoir on dit que la matière
N’a qu’elle pour auteur, connaît sa propre loi,
Ne vois-tu pas en toi la divine lumière ?
Du grand Législateur, mon âme, souviens-toi.
Lorsque de la douleur je ressens la morsure,
Quand l’épreuve assombrit et mes jours et ma foi,
Lorsque mon cœur meurtri souffre de l’imposture,
Du grand Dispensateur, mon âme, souviens-toi.
Si de l’homme tombé tu connais la souffrance,
Si des cœurs déchirés tu connais tout l’émoi,
Oh ! cherche à ramener en eux la confiance !
De Jésus plein d’amour, mon âme, souviens-toi.
Lorsqu’un être chéri quittera cette terre,
Lorsque mon âme en deuil sera pleine d’effroi
Et lorsque sonnera pour moi l’heure dernière,
De ton immense amour, ô mon Dieu, souviens-toi.
F. VILLEGER.
Paru dans L’Année des poètes en 1897.