Les quatre éléments
Dis à l’air embaumé, qui souffle sur ta vie
La candeur des glaciers et l’haleine de Dieu,
De chasser de ton ciel les nuages de lie,
Et d’aviver, au vent du soir qui purifie,
L’étoile de ton cœur dans les firmaments bleus.
Dis à l’eau, bienveillante aux tâches journalières,
De laver ton esprit et d’assainir son cours.
Le ruisseau sous la haie où dort de la lumière,
Sois-le ; sois la fraîcheur que versent les aiguières ;
Sois le jet d’eau qui chante au jardin de tes jours.
Dis au feu qui roussit les meules dans les plaines
De brûler le pommier aux fruits peccamineux ;
Qu’il arde les roseaux des lagunes humaines,
Qu’il incendie, en préservant les bonnes graines,
La fausse ivraie, et que ton âme soit ce feu.
Dis à la terre aimée, à la terre docile,
Aux rires du printemps comme aux pleurs de l’hiver,
De te laisser goûter à son âme d’argile :
Crée en toi la Nature, et que ton pouls fébrile
Saigne un cœur innombrable épars en l’Univers.
Tancrède de VISAN, Paysages introspectifs.
Recueilli dans Toutes les lyres,
anthologie critique des poètes contemporains,
par Florian-Parmentier,
Gastein-Serge éditeur, s. d.