Au calvaire de Bétharram
Le cœur toujours épris du grand drame divin.
J’étais venu prier aux pentes d’un calvaire
Édifié non loin d’un très vieux sanctuaire
Qui fut cher, de tout temps, au pieux pèlerin.
Je marchais lentement, le rosaire à la main,
Mêlant à ma prière une pensée amère,
En contemplant, Seigneur, votre visage austère
À chaque station du douloureux chemin.
Mais que vois-je ? au gibet où ta tête s’incline,
Un essaim s’est posé sur ta face divine,
Doux Christ que nos forfaits ont abreuvé de fiel.
Les abeilles, en foule entourant ton front blême,
Te font avec ardeur un vivant diadème
Et chacune à ta lèvre offre son plus doux miel.
Emmanuel VITTE.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.