En pensant à la mort
Tout le ciel devient sombre. Bientôt, bientôt j’irai
Où ne souffle nul vent, où ne luit nul soleil,
Où nul regard d’ami ne peut nous suivre,
Où tout ce qui, vivant, était joie et bonheur,
Devient silence ainsi qu’une vague expirante
Atteignant pour mourir une rive étrangère.
Mais la rafale qui dévastait ma récolte
Et la croix à porter dont saignait mon épaule,
Là, je n’en connaîtrai plus les traces ;
L’envie et le mépris, la souffrance et la lutte,
Rien n’y subsistera, en paix seront mes cendres.
Et s’ils viennent semer sur ma tombe des ronces.
Je ne m’en soucierai ! Cœur exsangue !
Hors d’atteinte à jamais, tu en seras passé
Par l’épreuve du feu,
Et rien ne pourra plus te blesser ou trahir,
Car tu auras trouvé à la fin ton asile.
Ô terre, notre mère, ouvre ton sein glacé
Mais charitable, toi qui toujours as reçu
Dans tes bras tes enfants qui sont venus à toi !
Vois, mon œil est éteint et ma joue a pâli.
Donne-moi le repos et me berce
Quand murmure le vent du soir.
La nuit n’est pas sans fin, même si elle est longue.
Une fois consolé, quand je m’éveillerai,
Lève-moi dans tes bras vers le Père éternel :
Et dans sa grâce inépuisable
Reconnaissant bien son enfant,
Certes, il aura pitié de moi.
Johan Olof WALLIN.
Recueilli dans Anthologie de la poésie suédoise,
choix, traduction, introduction et notes
par Jean-Clarence Lambert, Seuil, 1971.