Les enfants
Les petits enfants blancs et roses,
Qui viennent droit du paradis,
Ont les yeux pleins de douces choses
Et le front de rêves hardis.
Ils sont ignorants et candides
Et ne savent rien d’ici-bas ;
Ils songent aux soleils splendides
Que notre ciel ne connaît pas.
Ils ont de petits corps si frêles,
Que tout pour eux nous fait trembler ;
Ils se souviennent de leurs ailes,
Mais ne peuvent plus s’envoler.
Comme nous rivés à la terre,
Ils vont l’arroser de leurs pleurs,
Et comme nous apprendre à taire
Les plus chers désirs de leurs cœurs.
Eux dont la main fut toujours bonne,
Ils deviendront durs comme nous ;
Ils ne sauront plus comme on donne
Ni comme on se met à genoux.
Ils verront fuir, les pauvres anges,
Leur fraîche innocence aux yeux bleus,
Et bientôt perdront dans nos fanges
Le souvenir lointain des cieux.
Henri WARNERY, Poésies.