Enfance de Noé

 

 

Paisible, l’enfant dort, malgré la mort dans les nuages.

Il dort en souriant et rêve de ce grand navire

amarré aux défuntes étoiles et à la lune dans ses linceuls,

ouvrage de lumière que ses mains arment de la foi.

Il fut imaginé lorsque le remords de la création

posa l’ombre de son aile sur le front perplexe de Dieu.

L’immensité devint le point du jour dès son réveil :

« J’ai érigé pour lui une cité, puis je Feu ai chassé. »

La grande marée du temps retombe ; sous cette marée tournent

les sables et le monde apparaît avec ses milliers de collines

aux yeux éternels qui s’ouvrent. Sur les paupières et les mains

descend l’ombre d’une colombe, nuage de dieu et feuille de velours.

Puis ses yeux enferment le paradis dans une gerbe d’ombre

et en lui s’accomplit l’alliance de l’arc-en-ciel.

 

 

 

Vernon WATKINS.

 

Traduit par F. Dufau-Labeyrie.

 

Recueilli dans La poésie anglaise,

par Georges-Albert Astre,

Seghers, 1964.

 

 

 

 

 

 

 

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