Le bateau à vapeur
Quel est ce bateau qui glisse si légèrement sur les ondes et trace de profonds sillons au milieu du beau lac de Genève ? C’est le Guillaume Tell, ce bateau si élégamment construit ; sa renommée s’étend dans toute l’Helvétie. De même que de ses bras nerveux Tell maîtrisa le lac dont les ondes bouillonnantes le conduisirent au rivage de salut, ainsi le nouveau Tell lutte avec une égale force contre la violence des flots, et affronte, avec un antique héroïsme, la tempête qu’il méprise : mais ce n’est point la voile enflée par les vents, ni la rame des infatigables matelots qui opère ce prodige ; non, ce qui te remplit d’étonnement est produit par le feu et la roue enveloppée de vapeur. Ô bateau de ma patrie, puisses-tu naviguer sans péril, comme la barque de Tell, à travers les écueils et jouir d’une heureuse traversée, et si le danger menace tes jours, ne laisse pas succomber ton courage. Le protecteur de l’union te conduira au port.
Johan Jakob WERHLI (1790-1855).
Traduit de l’allemand.
Paru dans la Nouvelle Revue germanique en 1829.