Le pur poème

 

 

Tu m’as dans le sommeil, Dieu, donné le poème.

Éveillé, jamais je ne le comprendrai.

Redessinant trait après trait la vision du rêve,

je ne peux que languir et entasser des mots.

 

Puisque c’était un son, ne devrais-je pas l’entendre ?

Puisque c’était une image, ne devrais-je pas la voir ?

Maintenant la surface va m’abuser,

et le son dans l’intonation s’anéantir.

 

Qu’était-ce donc ? C’était dans la félicité d’un rêve.

Je ne vis plus que dans ce genre de veillée.

Fermant les yeux, dérobé ainsi à l’espace.

Le rêve m’ouvre le regard, je te contemple.

 

 

 

Josef WEINHEBER.

 

Recueilli dans Anthologie bilingue

de la poésie allemande,

Gallimard, 1993.

 

 

 

 

 

 

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