Théologie païenne
1. C’est une coutume mauvaise et impie que de parler contre Dieu, que ce soit par conviction ou d’une manière simulée (Cicéron, De la nature des dieux, II, 67).
2. C’est en vain que l’esprit humain s’attaquera à Dieu. Les traditions que nous transmettent nos pères, forment pour nous un code qu’aucune subtilité ne pourra renverser, lors même que le souffle impétueux de la science en effleurera le sommet (Euripide, Les Bacchantes, 200 ss.).
3. Le méchant est toujours l’ennemi de Dieu ; le juste s’arrange facilement avec lui (Platon, La République, II, 352 b).
4. Personne ne peut être un homme de bien, si Dieu ne réside pas en lui (Sénèque, Épître 41).
5. Il y a des opinions très diverses et très erronées sur la divinité. La faute en est aux hommes. Mais si on diffère sur sa nature, il ne peut y avoir qu’un même avis sur son existence. Car c’est une chose innée aux hommes, et gravée dans leur âme qu’il est des dieux (Cicéron, De la nature des dieux, II, 4, 5).
6. La question de savoir s’il existe des dieux ne souffrent aucune difficulté et n’a pas besoin de développement. En élevant nos regards aux cieux, et en contemplant ce qui s’y passe, n’est-il pas clair et évident pour nous, qu’un Dieu d’une haute intelligence les gouverne ? Que si quelqu’un avait des doutes à ce sujet, je ne comprendrais certainement pas pourquoi il ne serait pas également en doute s’il y a un soleil ou s’il n’y en a pas. Et si cette opinion était moins profondément gravée dans les esprits, moins bien comprise, elle eût été moins solide, moins durable ; elle ne se fût pas confirmée par le cours des siècles, et ne se fût pas invétérée avec les âges qui se sont succédé. Car chaque jour nouveau détruit quelque erreur de l’opinion, mais confirme les jugements fondés dans la nature (Cicéron, De la nature des dieux, II, 2).
7. Si quelqu’un entrait dans une maison, dans un gymnase, dans un lieu où se rend la justice, qu’il y voie la convenance, l’ordre et la discipline, il ne pourrait s’empêcher de comprendre que cela ne peut être ainsi sans cause, qu’il y a là quelqu’un qui commande, quelqu’un qui obéit. Il est donc tellement évident qu’il y a des dieux, que je croirais privés de bon sens ceux qui le nieraient (Ibid. II, 5, 16).
8. Les hommes arrivent à la connaissance de Dieu, d’abord par le regard jeté sur la beauté du monde, car la beauté n’est pas un caprice du hasard : elle suppose un art dont elle est le résultat (Plutarque, Plac. phil. I, 6, 1).
9. Dieu est près de vous, il est avec vous, il est en vous. Oui, un esprit saint réside en nous, qui observe et note nos bonnes et nos mauvaises actions. Comme nous l’avons traité, il nous traite à son tour (Sénèque, Épître 41).
10. Quand il s’agit de régler la vie des hommes par des lois, il faut avant tout imposer la foi en Dieu. C’est la raison pour laquelle Lycurgue, Numa, Deucalion ont cherché à sanctifier les hommes par des prières, des sacrifices, des exercices religieux, et à leur inspirer le respect de Dieu. C’est là ce qui rend la société unie et solide, de même que c’est là le fondement de toutes les lois (Plutarque., Adv. Col. 41).
11. Un ancien proverbe dit : « Dieu est le commencement, le milieu et la fin de toutes choses. » Mais il les maintient et les dirige toutes selon leur nature, c’est pour cela qu’il a constamment à ses côtés la justice qui punit l’homme, quand il transgresse la loi divine, lui qui n’aurait qu’à s’y soumettre en toute humilité et modestie pour être heureux (Platon, République IV, 716 a),
12. Le monde et toutes les parties dont il se compose ont été réglés à leur origine, et sont gouvernés dans tous les temps par la Providence de Dieu. Ou bien il faut nier l’existence de celui-ci, ou bien convenir, si on l’admet, qu’il a fait quelque chose de grand. Or rien n’est plus beau que le gouvernement du monde, et Dieu lui-même est l’être le plus parfait. Il n’obéit, ni n’est soumis à aucun être. Une fois admis qu’il est un être raisonnable, nous devons admettre aussi sa providence (Cicéron, De la nature des dieux, II, 30).
13. Le premier acte du culte envers Dieu, c’est de croire à son existence ; le second, de reconnaître sa majesté et sa bonté ; le troisième, d’être convaincu qu’il est le maître du monde, qu’il régit l’univers, qu’il prend soin du genre humain (Sénèque, Épître 95).
14. Vénérer sans cesse Dieu avec une langue et une âme pures, sincères, incorruptibles, c’est là le meilleur culte qu’on puisse lui rendre, le plus pur, le plus saint, le plus pieux (Cicéron, De la nature des dieux, II, 28).
15. Les ordres d’un mortel n’ont pas assez de puissance pour effacer les lois non écrites, les lois éternelles instituées par les dieux. Celles-ci ne sont ni d’aujourd’hui ni d’hier ; elles subsistent de toute éternité, et nul ne saurait dire le jour où elles ont commencé. Je ne puis, par crainte des menaces d’un homme, m’exposer au courroux des dieux (Sophocle, Antigone 453 ss.).
Albert Maria WEISS,
Sagesse pratique : pensées, récits, conseils,
ouvrage traduit de l’allemand sur la 6e édition
par l’abbé L. Collin, 1898.