Retour solitaire
Fuyant la solitude tu as cueilli les images que t’offrait le jour gris de novembre. Tu as marché, tel un pèlerin dans un temple, dans les rues désabusées qui ne croient plus en la poésie et tes pieds ont senti la pierre dure.
Tu as vu des coins pleins de songes comme un bon feu, tu as connu des arbres qui t’offraient leurs feuilles, tu as écouté une fontaine qui murmurait pour toi seul et tes doigts ont frôlé des femmes douces comme une chanson que tu ne chanteras jamais.
Tu as voulu prendre d’une main pieuse l’offrande du soir. Mais ses fruits ne sont pas pour ceux qui fuient la solitude.
Pourquoi cet homme n’est-il pas ton ami ? Pourquoi cette femme n’est-elle pas ta sœur ? Pourquoi cette jeune fille n’est-elle pas ta bien-aimée ?
Sur les prairies de ta solitude tu as plié les genoux devant des fumées montant droit au ciel.
Il n’y a pas d’hommes, il n’y a pas de femmes ni de jeunes filles. Il n’y a que des étrangers, des étrangères.
Cette nuit tes prières auront le goût des cendres.
Arthur WELTON.
Paru dans Amérique française
en 1952.