À une alouette

 

 

– Monte avec moi, monte avec moi dans les nuages. –

Ta chanson, alouette, est éclatante.

– Monte avec moi, monte avec moi dans les nuages. –

                Tu chantes, tu chantes,

Et les nuages et le ciel autour de toi résonnent.

        Soulève-moi, guide-moi jusqu’à ce que je trouve

Le lieu que tu sembles chercher.

 

J’ai parcouru de tristes solitudes

Et aujourd’hui mon cœur est fatigué ;

Si j’avais maintenant les ailes d’une fée

Vers toi je m’envolerais.

Il y a un délire en toi, une joie divine

Dans ta chanson.

Soulève-moi, guide-moi de plus en plus haut

Jusque vers ton réfectoire du ciel.

 

                Joyeuse comme le matin,

Tu es pleine de rire et d’orgueil ;

Tu as un nid pour tes amours et ton repos,

Et quoique tu ne sois guère retardée par la paresse,

Délirante alouette, tu n’aimerais pas

Marcher lourdement comme moi.

Heureuse, heureuse créature,

Qui d’une âme aussi vive qu’un torrent de montagne

Verses ta louange au tout-puissant donateur,

        Que la joie et l’allégresse soient avec nous deux.

 

Hélas ! ma route abrupte et raboteuse

Court à travers des landes couvertes d’épines et des sentiers poudreux,

 Mais si je vous entends, toi et ceux qui te ressemblent,

Ceux qui comme toi sont pleins de joie et montent vers le ciel,

Alors, content de mon destin, je poursuivrai mon voyage,

Espérant des joies plus hautes quand s’achèvera le jour de la vie.

 

                                                                                1805.

 

 

William WORDSWORTH.

 

Recueilli dans Les romantiques anglais,

traduction de Pierre Messiaen,

Desclée De Brouwer, 1955.

 

 

 

 

 

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