Rédemption

 

 

À l’heure où s’opérait le rachat de la terre

Sur la croix que les Juifs dressaient à leur Sauveur,

La Vierge, succombant à sa souffrance amère,

Ne cachait plus au Christ son immense douleur.

 

Jésus va la quitter ! Mais l’apôtre qu’il aime

Est là. Sa voix l’appelle et son regard mourant

Nous consacrant sa mère en ce moment suprême

Veut que Jean, comme nous, remplace son enfant.

 

Debout contre la Croix, Jean se tenait près d’elle

Quand, poussant un grand cri, le Sauveur expira,

Quand s’ouvrirent les Cieux à la race mortelle,

Quand le voile du temple en deux se déchira.

 

Pendant trois jours, la nuit, déployant ses ténèbres,

A fait frémir les monts sous leur manteau de deuil.

L’ouragan déchaîné sonnait des glas funèbres

Et les cèdres tordus oubliaient leur orgueil !

 

Au milieu du chaos, sans éprouver de crainte,

Saint Jean, prés de Marie, était calme et priait.

Ne se sentait-il pas sous son égide sainte

Qui protégeait l’enfant qu’un fils lui confiait ?

 

Nous vivons comme lui dans un temps de souffrance.

Dieu semble nous quitter et nous livre à l’effroi.

Mais la Vierge nous garde et sauvera la France.

À des enfants si chers elle rendra la foi.

 

 

 

Comtesse YSABEL.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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