Sept ans
C’est un petit garçon... C’est un petit bonhomme
Heureux de rien... de tout... d’un bâton, d’une pomme...
Un petit garçon de sept ans...
Il a des yeux rieurs, des cheveux en crinière ;
Il est fier, car depuis la semaine dernière
Il sait siffler entre les dents !
Nous le connaissons bien ; il méprise « les filles »
Sa poche n’en peut plus de ficelle et de billes ;
De tout un bagage enfantin ;
Il montre quatre sous, qu’il croit être une somme ;
Rit du matin au soir ; et ne fait qu’un grand somme
Depuis le soir jusqu’au matin.
Des amusements neufs, on n’en invente guère !
Étant petit garçon, il s’amuse à la guerre
Comme tous les petits garçons !
Il s’amuse d’instinct à défendre sa terre,
Et partage déjà la haine héréditaire
Pour ceux-là que nous maudissons.
Or, voici qu’un matin, à travers le village,
Passent les ennemis avec tout l’étalage
De leurs procédés révoltants.
On se bât ? C’est l’assaut du droit contre la ruse.
Bah ! Est-ce une raison pour ne plus que s’amuse
Un petit garçon de sept ans ?
Et parce qu’il faut bien, à sept ans, que l’on joue,
Du côté des soldats, le petit met en joue
Son fusil de bois menaçant...
Un français eut sourit du geste minuscule,
Et peut-être il eut feint l’ennemi qui recule
Pour amuser cet innocent !
Vous, salissant d’un coup toute votre campagne,
(Mais vous n’avez donc pas d’enfants, en Allemagne ?)
Pour montrer que vous étiez forts,
Vous avez dirigé contre l’arme enfantine,
Qu’il allait déposer pour prendre sa tartine,
Les vrais fusils qui font des morts !
S’il est vrai, Majesté, ce crime qu’on raconte,
Comme il pèsera lourd le matin du grand compte,
Pour le débiteur aux abois !
Comme il pèsera lourd, lorsque, dans le silence,
Une main posera l’enfant sur la balance !
Et son petit fusil de bois !
Miguel ZAMACOÏS.