En l’espérant

 

 

Chez nous, depuis des jours et des nuits, sans arrêt,

Dans l’ombre, un grand artiste invisible et discret

              Forme et pétrit, cisèle et sculpte.

 

Religieusement, dans l’ombre, sans tumulte,

L’artiste infatigable et sûr, d’un même culte,

              Dessine et crée, ajuste et fond.

 

Lui seul, il sait comment, d’un lent travail profond,

Des os menus, des chairs délicates se font,

              Un beau sang pur bat dans l’artère.

 

Ne cherchez pas comment, par quel pouvoir : mystère !

Mais, sans erreur, le grand Artiste solitaire

              Poursuit son labeur fier et doux.

 

Sans bruit, depuis des mois, comme des chers bijoux,

Il prépare pour tous les baisers de chez nous

              Une fouIe d’exquises choses :

 

Des pieds mignons, bouquets de fleurs fraîches écloses,

D’adorables petites mains aux ongles roses

              Qui vous feront agenouiller...

 

Est-ce une reine ? un roi ? qu’importe ? – L’Ouvrier

Qui seul sait ce qu’il fait s’applique à marier

              Toutes les lignes du visage.

 

Vous verrez, vous verrez bientôt le tendre ouvrage.

La fine et minuscule oreille en coquillage,

              Le nez en pointe, audacieux,

 

Et ce front, duveté d’un or souple et soyeux,

Et cette bouche, espoir du sourire, et ces yeux

              Que doit illuminer une âme...

 

Patience ! L’Artiste est au bout, et proclame

Qu’il a parfait son rêve et ne craint pas le blâme,

              Que son effort peut voir le jour...

 

– Venez ! À nous pencher le berceau nous convie :

Allons tous contempler le miracle d’amour,

L’enfant, chef-d’œuvre de la Vie !

 

 

Gustave ZIDLER, La Gloire nuptiale.

 

Recueilli dans Les poèmes du foyer.

 

 

 

 

 

 

 

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