Époux
Dans un appel vers Dieu, pour le grand acte
Bien plus qu’humain,
Sceller d’amour l’indissoluble pacte,
Main dans la main :
S’offrir, se joindre, âme et chair, force et grâce,
Devant l’autel,
En enchaînant, mieux qu’un désir qui passe,
L’être immortel ;
S’unir, s’aider, sans que la foi dévie,
« Moi » restant « Nous »,
« Nous » restant « Moi », dans un seul flot de vie
Fécond et doux ;
Se refléter, clairs miroirs, – se répondre,
Échos vivants,
Et se donner, joyeux, jusqu’à se fondre
Dans les enfants ;
Fleurir ensemble ; à deux, biens ou misères,
Tout partager ;
Seuls, quand tout change, à deux, droits et sincères,
Ne point changer ;
Quand tout s’éteint, lorsqu’autour gagne et rampe
L’ombre qui ment,
L’un contre l’autre, entretenir la lampe
Fidèlement ;
Quand tout se lasse et s’use, trompe, oublie,
Fronts rapprochés,
Serrer les nœuds du passé qui nous lie
Plus attachés ;
Quand tout vieillit et se glace et se ride,
Garder son cœur
Chaud d’un amour toujours jeune et splendide...
– Et quand tout meurt,
Vainqueurs pareils de la tombe jalouse,
Dans un seul vœu,
N’offrir ensemble, époux avec l’épouse,
Qu’une âme à Dieu !
Gustave ZIDLER, La gloire nuptiale.
Recueilli dans Poèmes du foyer,
rassemblés et présentés par H.-Ch. Chéry,
Éditions du Feu nouveau, 1949.