Childe-Waters
VIEILLE BALLADE ÉCOSSAISE.
CHILDE-WATERS était dans son écurie, et flattait de sa main son coursier blanc comme du lait. Vers lui s’avance une jeune lady, aussi belle que quiconque porta jamais habillement de femme.
Elle dit : « Le Christ vous sauve, bon Childe-Waters ! » Elle dit : « Le Christ vous sauve ! et voyez ! ma ceinture d’or qui était trop longue est maintenant trop courte pour moi.
« Et tout cela est que d’un enfant de vous, je sens le poids à mon côté. Ma robe verte est trop étroite ; auparavant elle était trop large. »
– « Si l’enfant est mien, belle Ellen, dit-il ; s’il est mien, comme vous me le dites, prenez pour vous Cheshire et Lancashire ensemble, prenez-les pour être votre bien.
« Si l’enfant est mien, belle Ellen, dit-il ; s’il est mien, comme vous le jurez, prenez pour vous Cheshire et Lancashire ensemble, et faites cet enfant votre héritier. »
Elle dit : « J’aime mieux avoir un baiser, Childe-Waters, de ta bouche que d’avoir ensemble Cheshire et Lancashire qui sont au nord et au sud.
« Et j’aime mieux avoir un regard, Childe-Waters de tes yeux, que d’avoir Cheshire et Lancashire ensemble, et de les prendre pour mon bien.
– « Demain, Ellen, je dois chevaucher loin dans la contrée du nord ; la plus belle lady que je rencontrerai, Ellen, il faudra qu’elle vienne avec moi. »
– « Quoique je ne sois pas cette belle lady, laisse-moi aller avec toi ; et je vous prie, Childe-Waters, laissez-moi être votre page à pied. »
– « Si vous voulez être mon page à pied, Ellen, comme vous me le dites, il faut alors couper votre robe verte un pouce au-dessus de vos genoux.
« Ainsi ferez de vos cheveux blonds, un pouce au-dessus de vos yeux. Vous ne direz à personne quel est mon nom, et alors vous serez mon page à pied. »
Elle, tout le long jour que Childe-Waters chevaucha, courut pieds nus à son côté, et il ne fut jamais assez courtois chevalier pour dire : « Ellen, voulez-vous chevaucher ? »
« Chevauchez doucement, dit-elle, ô Childe-Waters ; pourquoi chevauchez-vous si vite ? L’enfant qui n’appartient à d’autre homme qu’à toi brisera mes entrailles. »
Il dit : « Vois-tu cette eau, Ellen, qui coule à plein bord ? » – « J’espère en Dieu, ô Childe-Waters ; vous ne souffrirez jamais que je nage. »
Mais quand elle vint à la rivière, elle y entra jusqu’aux épaules. – « Que le Seigneur du ciel soit maintenant mon aide ! car il faut que j’apprenne à nager. »
Les eaux salées enflèrent ses vêtements ; notre lady souleva son sein. Childe-Waters était un homme de malheur ! Bon Dieu, obliger la belle Ellen à nager !
Et quand elle fut de l’autre côté de l’eau, elle vint à ses genoux. Il dit : « Viens ici, toi, belle Ellen : vois là-bas ce que je vois.
« Ne vois-tu pas un château, Ellen, dont la porte brille d’or rougi ? De vingt quatre belles ladyes qui sont là, la plus belle est ma compagne ! »
– « Je vois maintenant le château, Childe-Waters ; d’or rougi brille la porte. Dieu vous donne bonne connaissance de vous-même et de votre digne compagne ! »
Là, étaient vingt-quatre belles ladyes folâtrant au bal, et Ellen, la plus belle lady de toutes, mena le destrier à l’écurie.
Et alors parla la sœur de Childe-Waters. Voici les mots qu’elle dit : « Vous avez le plus joli petit page, mon frère, que j’aie jamais vu.
« Mais ses flancs sont si gros ; mais sa ceinture est placée si haut ! Childe-Waters, je vous prie, laissez-le coucher dans ma chambre. »
– « Il n’est pas convenable qu’un petit page à pied, qui a couru à travers les marais et la boue, couche dans la chambre d’une lady, qui porte de si riches atours.
« Il est plus convenable pour un petit page à pied, qui a couru à travers les marais et la boue, de souper, sur ses genoux, devant le feu de la cuisine. »
Quand chacun eut soupé, chacun prit le chemin de son lit. Il dit : « Viens ici, mon petit page à pied, et écoute ce que je dis :
« Descends à la ville et reste dans la rue ; la plus belle femme que tu pourras trouver, arrête-la, pour dormir dans mes bras. Apporte-la, dans tes deux bras de peur qu’elle ne se salisse les pieds. »
Ellen est allée à la ville, elle a demeuré dans la rue ; la plus belle femme qu’elle a pu rencontrer, elle l’a arrêtée, pour dormir dans les bras de Childe-Waters. Elle l’a apportée dans ses deux bras, de peur qu’elle ne se salît les pieds.
« Je vous prie maintenant, bon Childe-Waters, de me laisser coucher à vos pieds ; car il n’y a pas de place dans cette maison où je puisse essayer de dormir. »
Il lui accorda la permission, et la belle Ellen se coucha au pied de son lit. Cela fait, la nuit passa vite, et quand le jour approcha,
Il dit : « Lève-toi, mon petit page à pied ; va donner à mon cheval le blé et le foin ; donne-lui à présent la bonne avoine noire, afin qu’il m’emmène mieux. »
Lors se leva la belle Ellen et donna au cheval le blé et le foin ; elle en fit ainsi de la bonne avoine noire, afin que le cheval emmenât mieux Childe-Waters.
Elle appuya son dos contre le bord de la mangeoire, et gémit tristement ; elle appuya son dos contre le bord de la mangeoire, et là elle fit sa plainte.
Elle fut entendue de la mère chérie de Childe-Waters. La mère entendit la dolente douleur : « Debout, toi, Childe-Waters, et va à l’écurie.
« Car dans ton écurie est un spectre qui gémit péniblement, ou bien quelque femme est en travail d’enfant ; elle commence la douleur. »
Childe-Waters se leva promptement ; il revêtit sa chemise de soie, et mit ses autres habits sur son corps blanc comme du lait.
Et quand il fut à la porte de l’écurie, il s’arrêta tout court pour entendre comment sa belle Ellen faisait ses lamentations.
Elle disait : « Lullabye, mon cher enfant, Lullabye, cher enfant ! cher ! je voudrais que ton père fût un roi, et que ta mère fût enfermée dans une bière. »
– « Paix à présent, dit Childe-Waters ; bonne et belle Ellen ! prends courage, je te prie, et les noces et les relevailles auront lieu ensemble le même jour. »
Paru dans les Annales romantiques en 1836.