Légendes d’autrefois

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Marius BARBEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

NOS grand’mères étaient d’excellentes diseuses et se rappelaient tous les récits que, dans leur enfance, elles avaient entendus. Leurs dires contenaient tant de merveilleux, leur visage à la fois sérieux et comique, reflétait tant d’imagination et de croyance, que les petits enfants, enchantés, se laissaient transporter par elles sur le canot volant aux chantiers de la Gatineau, aux soirées de danse où le diable, déguisé en beau danseur, contait fleurette aux belles filles du canton, ou même plus loin, aux royaumes féeriques où l’on peut s’attendre à toutes les merveilles.

Grand’mère Angèle, par exemple, achevant de laver la vaisselle, le soir, et rangeant les chaudrons sur le poêle « à trois ponts », disait :

– Mes petits enfants, asseyez-vous autour de la table. Si vous êtes sages, je vous dirai un conte ou une légende.

Après avoir accroché le plat à vaisselle dans l’armoire ouverte et passé le linge humide sur le tapis ciré de la table autour de laquelle les enfants, tout oreilles, étaient assis, elle venait tranquillement s’asseoir au bout de la table. Elle tirait de la poche de son tablier une tabatière de jais, lui donnait, avant de l’ouvrir, trois petites tapes de ses vieux doigts, prenait une prise de tabac, puis elle commençait la légende de L’Hiver des Corneilles. Cette légende, d’abord racontée par Adélard Lambert, de Berthier en haut, était un peu connue sur le parcours du Saint-Laurent. N’importe quel habitant pourrait vous dire, un jour de printemps :

– Aujourd’hui, le temps est beau, mais ça ne durera pas longtemps. J’ai vu trois corneilles ; elles passaient à tire d’aile, s’en allant au sud. Elles étaient poussées par un fantôme.

Si vous voulez lui faire expliquer ce qui pousse ces corneilles à retourner vers le sud, d’où elles ne faisaient qu’arriver, il vous répondra :

– En s’en retournant, elles annoncent le petit hiver. Pauvres corneilles ! Elles paient bien cher une incartade qui remonte si loin en arrière qu’on l’a presque oubliée. Et dire qu’elles sont condamnées à subir ce châtiment jusqu’à la fin des temps !

On s’en tient souvent à ce dicton, mais, le soir au loyer, on raconte souvent au long la légende des corneilles, et on la termine même par la morale qui suit :

« Si la colère de Dieu descend comme ça sur de simples oiseaux, qui furent maudits de Noé, combien plus ses châtiments s’appesantissent sur l’homme infidèle qui désobéit à ses commandements et méprise ses représentants. »

Il est impossible ici de dire au long cette légende. Il suffit de rappeler qu’après que le patriarche Noé, pour obéir à Dieu, eut travaillé cent ans à construire l’arche, il y fit embarquer les représentants de toutes les espèces animales de la terre, et s’y logea lui-même avec sa famille.

Des pluies torrentielles inondèrent toute la surface de la terre et les êtres animés hors de l’arche périrent jusqu’au dernier. L’arche, portée par les eaux gonflées, se balança sur les flots.

Plus tard, après le retrait partiel des eaux, Noé voulut s’assurer que la terre était devenue habitable. Ouvrant une fenêtre, il lâcha le corbeau, qui jusque-là avait été l’oiseau favori de la création, au plumage coloré et magnifique, et dont la voix peuplait l’air de joyeux ramages.

– Parcours au vol la surface de la terre, commanda Noé au corbeau. Si tu y trouves de la verdure, rapporte-m’en un rameau.

Le corbeau aperçut des cadavres flottant à la dérive et, satisfaisant ses appétits voraces, se mit à les dévorer. Il oublia le commandement de son maître et ne revint plus à l’arche, qui s’était échouée sur une montagne. Noé maudit alors le corbeau pour son infidélité ; sa malédiction noircit le plumage de cet oiseau et changea son ramage en un croassement rauque et plaintif.

Deux fois, Noé envoya la colombe à la recherche de la verdure. La première fois, elle revint le bec vide ; la seconde, elle rapporta un rameau vert où mûrissait un fruit. Le patriarche bénit la douce messagère, qui devint blanche et jolie, et qui, depuis, n’a cessé d’être l’oiseau chéri de tous.

Le temps de la libération était venu. Noé ouvrit portes et fenêtres et congédia les espèces captives, qui se dispersèrent de tous côtés. Aussitôt qu’il aperçut la corneille, parente du corbeau, qui passait au vol, il l’arrêta et, sous l’empire du ressentiment, lui dit :

– Toi et ton cousin le corbeau, soyez condamnés à voyager sans trêve, toujours. Vos goûts seront voraces et sanguinaires, et vos voix éclateront en cris lugubres. À votre approche les éléments se réveilleront et par leur courroux chercheront à vous chasser de leur présence.

La corneille, poursuivie par toute la gent ailée, s’enfuit en poussant des cris lamentables. Elle se réfugia dans un lieu désert, puis erra seule, morose et abandonnée. Pour nourriture, elle gobait la chair qui restait sur les cadavres échoués dans la vase. Elle rencontra, un jour, son cousin le corbeau qui, comme elle, se nourrissait de dépouilles. La corneille et le corbeau, se sachant à tout jamais bannis de la présence de l’homme, se lièrent d’amitié dans leur malheur et, poussés par le remords, s’éloignèrent au loin vers le nord.

Après un voyage long et pénible, ils se juchèrent, pour se reposer, sur un arbre au milieu d’une grande forêt de pins et de sapins, où régnaient la paix et le silence. Cette forêt devait être une des nôtres, au Canada, il y a longtemps. Le sol, couvert d’un manteau de neige, n’avait pas la tristesse coutumière des lieux déserts. Les rayons du soleil avaient percé, ici et là, ce blanc manteau, comme pour y faire des bigarrures. Tout souriait aux fugitifs, qui se crurent enfin à l’abri des opprobres de l’homme et de la nature.

L’illusion de la corneille et du corbeau dura peu. Dès le lendemain, leur réveil fut pénible. Les vents du nord, soulevés à leur approche, soufflaient en tempête, et le firmament, chargé de nuages menaçants, faisait tourbillonner des flocons de neige. Le froid, descendant du nord, mordit au vif les exilés. Ils reprirent la fuite, devant les protestations de la forêt qui leur refusait un asile.

Tous les ans, depuis ce temps, les corneilles émigrent vers le Canada à l’arrivée du printemps, et la forêt se soulève contre elles à cause de la malédiction de Noé.

 

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Cette légende tient des contes populaires en ce que sa source n’est pas canadienne ; elle est en marge de la Bible. Mais le conteur la rattache vers la fin aux corneilles du Canada et à l’Hiver des corneilles au pays. La plupart des légendes, toutefois, ont trait à des faits canadiens, et on les donne souvent comme véridiques, bien qu’ils soient pure fiction. Le thème folklorique qui les inspire seul est ancien ; la forme en est relativement nouvelle, ou plutôt elle varie suivant les conteurs, comme dans La Poule noire, Le Château Bigot, Le Beau Danseur, La Mouche dans le manche de hache, La Chasse-Galerie, Le Rocher Malin, Le Père Labrosse et combien d’autres. Ces légendes sont tirées de l’imagination populaire, et elles ne sont que fantaisie. N’empêche pas que, dans leur ensemble, elles donnent une image vraie et frappante du peuple, qui s’y peint largement et s’y exprime dans un langage plein de coloris.

Par exemple, dans la légende du Cheval Noir de l’Islet, qui est un souvenir populaire élaboré au coin du feu pendant les veillées d’hiver, il se trouve des descriptions intéressantes. D’après le docteur J.-E.-A. Cloutier qui l’a recueillie de « grand-mère » Angèle, cette histoire commence par un petit tableau qui ne manque pas d’authenticité.

« Dans le temps de mon grand-père, il n’existait, à l’Islet, qu’une petite chapelle. Il y avait bien peu de monde dans la paroisse ; deux ou trois, dans le haut : les Chiasson, les Cendré, puis, au pied de la côte, Benoni Cloutier, heu ! Sa femme, en se mariant, lui avait apporté un demi-minot de piastres françaises. Mais la plupart étaient des pauvres gens, vivant dans des maisons de bois rond et ouvrant des terres. Ils commencèrent par le bord de l’eau puis, plus tard, se rendirent plus loin établir le rang des Belles-Amours. Dame, qu’il fallait travailler dur ! Vous ne savez pas, vous autres, ce que c’est que prendre une terre en bois debout, puis la faire à la charrue. Faut couper les arbres, effardocher, essoucher, arracher les roches, cri, cra ! Quelle besogne ! Qu’on en avait de la misère !

« La nouvelle courut, un jour, que l’Islet allait avoir son curé. Ce fut, dans la paroisse, une grande joie pour tout le monde. Mais, mon Dieu, il fallait que le nouveau curé soit « étoffé » : pas d’église, pas de presbytère, et la dîme, il ne fallait pas encore en parler. C’est M. Panet qui fut notre premier curé ; cet homme était l’humilité même, sans vanité, et de bon cœur. C’était un saint, un vrai saint, celui-là ! Il allait toujours nu-tête porter le Bon Dieu, même dans les grands froids d’hiver... »

La légende du curé Panet s’engage ensuite dans son thème principal : ce curé voulait construire son église en pierre, mais les chevaux étaient trop rares pour charroyer la pierre ; ils suffisaient tout juste aux travaux de la terre. Son embarras l’empêchait de dormir quand, une nuit, il eut une vision. Notre-Dame lui apparut et lui promit pour le lendemain un cheval qui ferait son affaire.

« Le cheval qui, dès l’aurore, était attaché à une épinette rouge devant sa porte était noir, fringant et magnifique ; son poil noir flambait au soleil levant et sa bride était de cuir fin et de bandes d’or poli. Le curé sortit à la porte et, pour s’assurer qu’il ne se trompait pas, il passa la main sur la crinière du cheval, qui en frémit de la tête aux pieds, pencha les oreilles en arrière, mais ne bougea pas une patte. Toujours est-il que le cheval, qui n’était autre que le diable, mais bien bridé, charroyait à grandes charretées les pierres comme si elles eussent été du foin, mais sous la direction du bon Germain, un paroissien exemplaire obéissant à l’ordre de son curé. M. Panet lui avait d’ailleurs ordonné de ne pas débrider l’animal, qui était toujours de mauvaise humeur et méchant de la gueule. »

Mais Germain, comme bien d’autres habitants, ne put s’empêcher, un bon jour, de faire baptiser, et il lui fallut passer le cheval noir aux mains de Rigaud-à-Baptiste.

Et la légende s’arrête ici à une petite caricature d’un type parfois connu dans nos paroisses (nous la terminons par là) :

« Rigaud était bon garçon et gros travailleur, mais obstineur ; il ne faisait qu’à sa tête. Puis vantard sans pareil ! Il se croyait plus futé que les autres. À l’entendre, il savait tout ; il avait toujours le meilleur. Son cheval, il ne lui manquait que la parole. Sa vache était une fontaine intarissable ; le lait en était de la crème pure. Ses cochons engraissaient seulement qu’à se chauffer au soleil. Son chien était plus fin que bien du monde ; il allait tout seul à la chasse et rapportait lièvres et perdrix. Ses poules pondaient deux œufs chaque jour, les dimanches comme la semaine, à moins que ce soit trois. Sa terre était si fertile qu’il fallait la retenir. C’était sa femme qui, dans toute la paroisse, faisait les meilleures crêpes. Sa fille avait refusé tous les farauds des alentours ; elle attendait un avocat de la ville, qui devait toujours venir, mais qui n’arrivait jamais. Et dame ! quel maquignon il était ! Il aimait tant les chevaux qu’il aurait pu en manger ; il était lui-même la moitié d’un cheval !

« Depuis longtemps il regardait Charlo avec envie, du coin de l’œil ; et il critiquait Germain, qui ne savait pas s’en servir.

« Aujourd’hui il avait sa chance. Charlo était à lui, son cheval. Partout on l’entendait : « Hue donc ! par ici, mon cheval ! par là. » Il en faisait, du bruit, et il jubilait, en charroyant de la pierre. Germain l’avait bien averti de ne pas le débrider ! Mais Rigaud de répondre : « Ne t’inquiète pas, mon vieux ! Les chevaux, ça me connaît ! »

« Il s’avisa bien, allez, de le débrider pour le faire boire, parce qu’on lui avait dit qu’il ne pouvait pas l’être. Il en reçut un grand choc, et le cheval, lançant des flammèches, prit la poudre d’escampette pour aller s’enfoncer dans un rocher, qu’il fendit de haut en bas. Il en est resté, depuis, une caverne, qui fut longtemps hantée et qui, depuis, a été exorcisée. Elle est là où on a érigé ce qui s’appelle le Monument. »

Comme la pierre pour l’église était presque toute charroyée, le curé Panet ne fut pas trop fâché de se débarrasser à si peu de frais du cheval maudit, car, rapporte la légende, « il savait fort bien de quel bois il se chauffait ».

 

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Dans la légende de la Poule Noire, il s’agit d’un quêteux qui rêve de richesse et qui, devenu possesseur du Petit Albert, un livre d’incantation, tenta, un soir au trait carré, de vendre la poule noire au diable. Le sujet en soi n’a rien de bien nouveau ; il était connu en Europe au moyen âge, et une de ses formes est celle du docteur Faust qui remet son âme à Satan en échange de la jeunesse, de l’amour et de la richesse. Mais la légende de la Poule noire, dans la bouche de nos conteurs, prend une tournure bien canadienne, comme on le verra dans les extraits suivants (c’est par là que nous terminerons).

Landry – car c’est ainsi que s’appelle notre Faust laurentien – ne songeait plus qu’au Petit Albert. Il se rappelait les longues incantations qui s’adressaient aux mauvais esprits, à commencer par Belzébuth. Il y avait appris que, pour réussir, il fallait que l’encan de la poule noire ait lieu un vendredi, longtemps après le coucher du soleil, pendant la nuit la plus longue de l’année.

Or, un soir de novembre, il vola une poule, la poule qui lui paraissait la plus noire du poulailler de la mère Daigle, veuve depuis sept ans, qui avait sous son toit sept enfants, mais pas un seul de mâle.

Chemin faisant vers le trait carré des chemins, la poule sous son bras, il fit rencontre de trois ombres, dans la nuit.

« Est-ce toi, Landry ? », qu’on lui demanda. Mais il fila sans répondre, l’air bien suspect. Les ombres le suivirent sur la pointe des pieds.

Il s’arrêta au trait carré, là où les chemins se croisent, près d’une source où l’on avait vu danser des fées sous les étoiles, et il se cacha dans une touffe d’aunes en attendant minuit, au clair de la lune.

L’heure arrivée, il se leva tout droit et fit face à l’Orient, suivant qu’il est prescrit. Tenant la poule au-dessus de sa tête et le Petit Albert sous son bras, il somma Belzébuth de comparaître :

« Lundi, mardi, saudit, Sicobar venimeux ! Roi du fer, Barnabi, Barnaba ! Voici ma Poule noire ! La veux-tu ? »

Il se tourna alors vers les points cardinaux et trois fois il répéta l’incantation. Par ce moyen il offrait la Poule en vente à Satan – son âme, bien entendu. Il cria « Lundi, mardi, saudit... » une quatrième fois, fit tourner la poule par-dessus sa tête et lui tordit le cou en la lançant à tour de bras d’un côté à l’autre du trait carré. La chose était faite, archifaite. Son cœur palpitait.

Un bruit étouffé sur le chemin..., des battements d’ailes, des pas rapides, le crépitement des aunes qu’on piétine... puis un silence profond. C’était diabolique. Épouvanté, il eut l’idée de s’enfuir.

Quelqu’un se tenait debout sur le chemin, dam un rayon de la lune.

– « Est-ce toi, Sicobar ? » demanda Landry.

Pas de réponse.

– « Est-ce toi, Barnabi, Barnaba ? »

Pas de réponse.

– « Est-ce toi, Belzébuth ? »

Pas de réponse.

– « Est-ce toi, est-ce toi ?... Veux-tu de ma Poule noire ? La voici ! Combien me donnes-tu ? »

Encore une fois, pas de réponse.

Mais Landry entendit des chuchotements étranges, des rires étouffés.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il, ébahi, mais moins effrayé. Il s’attendait de voir apparaître le diable en personne, comme on le voit dans les images pieuses, les cornes au front, les pieds fourchus, rouge flambant, et fourche en main. Mais tout ce qui se produisait était un stupide ricanement.

Encore une fois il s’écria :

« Combien me donnes-tu ? »

– « Combien te faut-il ? » répondit une voix humaine bien ordinaire, dans les buissons, de l’autre côté du chemin.

« Hum ! enfin, ça marche ! » qu’il se dit, tremblant soudain comme une feuille.

– « Combien peux-tu me donner ? »

– « Cent piastres ! »

– « Pas assez ! »

– « Deux cents ! »

– « Pas assez, que je te dis. Elle vaut bien plus que ça ! Prends-en ma parole ! »

– « Landry, tu es trop chèrant ! » la voix répondit.

Quatre ombres alors sortirent des buissons, se ruèrent sur lui et lui donnèrent plus de coups de pied qu’il n’en put compter. Il resta là étendu, abasourdi.

Quand il se réveilla dans les aunes, à l’aurore, il vit que les buissons étaient piétinés autour de lui. Il ne pouvait douter que Satan ait entendu sa sommation, qu’il ait pris part à son enchère. Mais pourquoi donc l’avait-il si rudement bousculé avant de conclure l’affaire ?

Regardant autour de lui, il aperçut la poule morte au bord du chemin.

« Ah ! » s’exclama-t-il avec surprise. Il n’en pouvait croire ses yeux.

– « Damnation éternelle ! je savais bien qu’il y avait quelque chose... Regardez-moi ça ! Ça n’était pas une poule, mais un coq ! Et Satan n’a pas voulu marcher. »

Il s’en retourna chez lui tout penaud, la tête penchée en avant.

Les gens du village, le lendemain, le regardaient passer avec des sourires narquois.

« Landry », quelqu’un lui demanda, « qu’est-ce qui s’est passé, hier soir, à l’enchère ? »

Un autre dit :

– « Landry, tu sens le soufre ! »

Ou encore :

– « Landry, La Poule noire ! »

Oui, la Poule noire ! Le nom lui resta – en sobriquet. Pour ses coparoissiens il n’était plus Landry mais la Poule-Noire.

Dans un moment de remords, il jeta son Petit Albert au feu. Il en eut aussitôt du regret. Une autre fois il se serait bien gardé de prendre un coq pour une poule. La chose était si facile.

À un drôle qui se riait de lui, un jour, il riposta :

« Ne dis rien, mon vieux ! Tu n’en rirais pas maintenant, si ça n’avait pas été un coq ! »

 

 

Marius BARBEAU.

 

Paru dans L’Action sociale catholique en 1942.

 

 

 

 

 

 

 

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