Adieu des bergers
à la Sainte-Famille
CHŒUR DES BERGERS
Il s’en va loin de la terre
Où dans l’étable il vit le jour.
De son père et de sa mère
Qu’il reste le constant amour,
Qu’il grandisse, qu’il prospère
Et qu’il soit bon père à son tour.
Oncques si, chez l’idolâtre,
Il vient à sentir le malheur,
Fuyant la terre marâtre,
Chez nous qu’il revienne au bonheur.
Que la pauvreté du pâtre
Reste toujours chère à son cœur.
Cher enfant, Dieu te bénisse !
Dieu vous bénisse, heureux époux !
Que jamais de l’injustice
Vous ne puissiez sentir les coups.
Qu’un bon ange vous avertisse
Des dangers planant sur vous.
LE REPOS DE LA SAINTE FAMILLE
Les pèlerins étant venus
En un lieu de belle apparence
Où se trouvaient arbres touffus
Et de l’eau pure en abondance,
Saint Joseph dit : « Arrêtez-vous
Près de cette claire fontaine.
Après une si longue peine
Reposons-nous. »
L’enfant Jésus dormait. Pour lors Sainte Marie,
Arrêtant l’âne, répondit :
« Voyez ce beau tapis d’herbe douce et fleurie,
Le Seigneur pour mon fils au désert l’étendit. »
Puis s’étant assis sous l’ombrage
De trois palmiers au vert feuillage,
L’âne paissant,
L’Enfant dormant,
Les sacrés voyageurs quelque temps sommeillèrent,
Bercés par des songes heureux,
Et les anges du ciel, à genoux autour d’eux,
Le divin Enfant adorèrent.
Hector BERLIOZ, L’enfance du Christ, 1852.