Les vingt sous du bon Dieu
Dans une bien pauvre maison,
Et pendant la froide saison,
Une femme pleure et soupire,
Les yeux fixés sur son enfant...
Soudain, l’enfant eut un sourire :
« Mère, fit-il tout triomphant,
Pour braver la faim et la bise,
Nous aurons du pain et du feu,
Car je veux aller à l’église,
Emprunter vingt sous au bon Dieu. »
L’enfant à l’église arriva,
Et vers l’autel il s’élança...
Puis, d’un ton de voix bien timide,
Le pauvre petit, à genoux,
S’écria, la paupière humide :
« Ô mon Dieu, prêtez-moi vingt sous !
De trésors votre main est pleine...
Vingt sous ! Ah ! pour vous, c’est si peu !
Et nous vivrons une semaine
Avec les vingt sous du bon Dieu ! »
Le bon curé, qui l’écoutait,
Derrière l’autel souriait ;
Hors de sa cachette il se penche
Et, près du naïf emprunteur,
Fait rouler une pièce blanche...
« Merci ! » reprend avec candeur
L’enfant qui croit qu’à sa prière
L’argent est tombé du ciel bleu ;
Puis il court bien vite à sa mère
Porter les vingt sous du bon Dieu...
Alfred BESSE DE LARZES.