La couronne d’or
LÉGENDE DE NOËL
À ma petite nièce Suzanne Amiot.
C’est Noël demain. Dans l’église antique,
Le bedeau joyeux turlute un cantique,
En faisant ta crèche, ô Divin Enfant.
Au fond d’une grotte en tissu bouffant,
Imitant le givre et la neige molle,
Il pose en tremblant le Dieu qui s’immole,
Sur les pailles d’or, d’étincelants draps,
Et Jésus sourit et lui tend les bras.
Et l’homme pieux dont le cœur rayonne
Dit : « Que j’aimerais mettre une couronne
Sur ses blonds cheveux, sur son front divin ;
Mais j’ai beau chercher et jongler en vain ;
Plus la moindre branche au bois n’est fleurie,
Si décembre était le mois de Marie,
J’aurais du muguet, des brins de lilas :
L’hiver tout est mort au jardin, hélas !
Or, c’était devant l’autel de la Vierge
Que ce cœur fervent, que cette âme vierge,
Épanchait, tout haut, son naïf souhait.
La Mère de Dieu voulut à souhait
Combler son désir : « Point ne te moleste ! »
Dit-elle au vieillard de sa voix céleste,
« Mon féal ami, prends, mets, je le veux,
Ma couronne d’or sur ses blonds cheveux ! »
Lui, tout ébahi, balbutia : « Dame,
Jamais, je n’aurais osé, Notre-Dame,
Vous la demander, ma Mère, merci ! »
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Mais sur votre front elle brille aussi !
Et quelle lueur partout dans l’église,
Les jubés, les bancs, la chaire et les frises,
La balustre en marbre et les trois autels !
Ne suis-je donc plus parmi les mortels ? »
ENVOI
Cher petit Jésus, mets au sein des âmes
Des courants de foi, d’idéal, de flammes,
Que ton cœur d’enfant n’offre pas en vain
Même aux tout petits ses trésors divins !
Marie DUMAIS-BOISSONNAULT, L’huis du passé, 1924.