Les premiers pas de Jésus
La Sainte Famille habitait
À Nazareth, hors de la ville,
Une case où ne s’arrêtait,
Que celui cherchant un asile.
C’était là, sous l’ombrage épais
D’un figuier deux fois séculaire,
Que Jésus, dans la douce paix,
Grandissait auprès de sa mère.
Pour apprendre à marcher,
Jésus étant rebelle,
La Vierge alla chercher
La rose la plus belle
Qu’elle eut en son jardin,
Et revint la lui tendre
En disant : « Dans ma main,
Mon fils, venez la prendre. »
Mais l’enfant n’osant pas
Avancer sur le sable,
Leva ses petits bras
Vers sa mère adorable.
Alors un oiselet
Une blanche colombe
Qui d’un nid s’envolait
Près de la Vierge tombe.
Jésus en chancelant,
Sans hésiter s’avance,
Saisit l’oiseau tremblant
Pour calmer sa souffrance,
Tandis qu’avec douceur
Sa lèvre le caresse.
Et c’est ainsi que le Sauveur,
Délaissant la fleur éphémère,
Pour secourir une douleur,
Fit son premier pas sur la terre.
Stéphan BORDÈSE,
Contes mystiques, 1890.