Suzanne

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Jacques CHARDONNE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I

 

LETTRE            

 

Voici de nouvelles maladies auxquelles le médecin ne comprend rien, sans compter les maladies de l’esprit. Comme l’écrivait Fénelon, je vous dis : « Soignez-vous bien, il me semble que tous mes amis vont mourir. » La vie a de violentes senteurs, et aussi des tous brouillés et des transparences où tout à coup elle nous montre qu’elle n’est rien. Vous savez que Suzanne est morte. Vous la connaissiez un peu par sa cousine, qui est chez vous, mais je vous en parlerai mieux.

Le Morvan méritait votre visite. Je vous ai regretté. Savigny est un village de vingt maisons, entouré de bois, connu dans le pays pour une auberge où l’on mange bien.

Pendant cinq ans, de jeunes Parisiens ont fait dans ces bois le métier de bûcherons afin d’échapper à d’autres besognes. Ils ont dû se restaurer dans la fameuse auberge, où ils rencontraient une belle fille.

Elle était ravissante. J’ai passé l’âge où les hommes commencent à être timides. J’ai l’âge où ils sont difficiles. Même j’avais décidé que la beauté des femmes est une fable, et qu’il n’y en a point qui mérite d’être regardée.

Elle avait vingt-cinq ans. Elle était encore l’enfant de la maison ; elle faisait des gâteaux, des bouquets, des robes. Vraiment une princesse qui avait l’air de jouer à la paysanne. À certains étages de la société, une jeune fille élégante, bien élevée, qui a du tact, de la distinction et un beau visage, ce n’est pas une grande surprise ; dans un village perdu, cela étonne.

L’éducation s’explique. Aujourd’hui, il n’est guère de tradition morale, chasteté, tenue, honneur que dans quelques familles paysannes, surveillées par une opinion publique sans charité. Mais un certain gain de la chair, la noblesse et le naturel, une improvisation juste de tous les mouvements ne sont pas choses ordinaires dans ces familles rurales. J’ai toujours été séduit par ce côté mystérieux des êtres, l’accident, le don pur, ce qui n’est pas légué, ni appris, ni imposé, ni même voulu.

Pour moi, elle était parée de son origine rustique, eau de source filtrée dans les profondeurs du sol. Les coutumes de son esprit s’opposaient aux miennes ; nous ne parlions pas la même langue. Cependant elle m’était parente et je sentais cette fraternité dans le plus secret de sa personne physique. Une chose de l’esprit, et située assez haut, portait dans sa conclusion le désir de lui prendre les mains et de la serrer contre moi.

Je me disais : c’est une faveur en ce monde que d’être enchanté ; il faut la saisir et même y ajouter un peu. Soudain, je découvrais la lumière dans les prés fauchés et calmés, je m’arrêtais pour regarder les chênes qui sont toujours remplis d’une espèce de nuit. J’ai goûté cette saison, tout projeté dans le présent, sans mémoire et sans âge, comme si ma vie brûlait en un moment dans ce pétillement d’un soleil de juillet.

La salle de l’auberge était basse, ombreuse sous les volets clos, traversée de rayons aveuglants ; elle entrait, blonde et fraîche, avec une gravité un peu rêveuse, et j’étais fasciné par ses mains adroites, le geste sûr dont elle maniait les objets du bout des doigts, avec une science pleine de grâce et qui semblait, chez cet être un peu séraphique, une façon ailée de toucher terre.

Elle parlait peu, posément, détachant les mots bien articulés, qui prenaient leur pleine valeur et une sorte de nouveauté dans cette diction ralentie, avec un léger roulement des syllabes rudes, à la manière italienne, qui est l’accent du pays. Et, des filles de ce pays, elle avait aussi les épaules larges et la haute stature.

Dans ce village, elle ne pouvait rencontrer personne qui lui plût. Des Parisiens avaient passé par ici, ces dernières années, et j’ai compris que certains lui avaient donné l’idée d’une vie à son gré, mais à quoi elle ne pouvait prétendre, disait-elle. Je lui ai demandé si elle avait aimé. « Une fois, peut-être ; mais à peine, et d’une façon qui ne m’a guère engagée. » Je n’en doutais pas. Elle était inabordable. Peut-être à cause de sa pâleur. Ses yeux, d’un bleu passé, lumière à peine teintée, n’étaient pas faits pour voir. Elle ne riait jamais ; seulement un sourire éclairait ses dents brillantes, sans animer son visage. Son corps superbe, sa chair ambrée ne semblaient pas reliés à cette figure de pastel, comme distante et à demi effacée.

Je lui dis : « Vous mettez du rouge sur vos lèvres ? – Il le faut bien, elles sont trop pâles. » Je pris sa main pour la première fois de force dans les miennes, médecin qui doit faire violence au malade : « Mais vous avez une bonne santé ? – Je me porte bien, seulement je crois que mon sang ne monte pas jusqu’à ma figure. »

Je dis à sa mère : « Elle est pâle, votre Suzanne. – Elle a toujours été pâle. Quand elle est née, même dans cette première minute où les bébés sont rougeauds, elle avait la figure blanche. Mais elle n’a jamais été malade. – Elle devrait se marier, à son âge. Je la crois difficile. Je m’en occuperai. Je lui trouverai un mari. D’abord, je lui donnerai des conseils. – Vous aurez de la peine à la convaincre, monsieur. Il y a en elle quelque chose qui résiste. Je ne sais quoi. On dirait qu’elle a peur des hommes. »

C’est une inclination bien trouble que le goût d’enseigner.

Lorsque nous marchions ensemble à travers les taillis que les bûcherons coupent, laissant un tapis de pervenches, et, de loin en loin, un arbre plus robuste, qui a la permission de grandir, je lui posais des questions et j’y répondais moi-même. « Vous êtes délicat, me disait-elle, on ne m’a jamais parlé ainsi. » Mes propos la surprenaient et lui paraissaient délicats, parce que je lui parlais d’elle-même.

Dans l’intérêt que je lui portais entraient de la sincérité, de la bonté, et aussi une ruse. Je m’insinuais par le seul point où elle était vulnérable : les curiosités de l’esprit.

Point faible, parce que mal défini. Sa vive et ombrageuse sensibilité charnelle, que j’avais devinée, lui était connue. Nulle crainte de ce côté. La route classique du péché était bien surveillée.

Je lui disais : « Si vous voulez vous marier, si vous voulez des enfants, soyez plus humaine. L’austérité finit par le dessèchement. Dans votre religion, la foi est plus importante que les actes. Saint Vincent de Paul, le missionnaire des campagnes, était indulgent pour les fautes. Le principal, c’est le repentir. »

Avoir des enfants, c’était le pathétique désir de sa chair, à quoi elle opposait je ne sais quel obstacle. D’un mot, on réveillait en elle ce tourment et aussitôt une vapeur de larmes noyait le bleu déjà dilué de ses yeux. Si j’évoquais sa religion, les larmes revenaient ; ses devoirs, l’éloignement de l’église la privaient des cérémonies dont elle avait le regret.

Elle m’écoutait avec beaucoup de recueillement. Quand je parlais, un effort de sa pensée contractait son front, comme si je disais toujours des choses importantes et compliquées. Parfois, elle s’asseyait au bord du chemin, comme fatiguée, ses bras sur sa jupe qui cachait à demi ses longues jambes nues, vigoureuses sous le tissu léger. Un jour elle me dit : « Vous me faites du mal. »

J’ai compris que les mots dont on use sans méfiance, lorsqu’on a quelque dextérité de langage, peuvent prendre un sens grave. Ils ont d’étranges résonances chez les êtres de silence. Jusqu’ici, elle avait vécu dans une sécurité morale et une candeur spirituelle que je troublais.

« Je le savais, je vous fais du mal, il vaut mieux que je parte. »

Il est vrai, je sentais chez elle une clarté comme sacrée que je voulais respecter.

Elle s’éloigna de moi et marcha seule un long moment. Quand je la rejoignis, elle me dit : « Je sais bien que vous partirez. Vous m’abandonnerez. Vous m’oublierez. Il n’y a personne ici. »

Je répondis vivement : « Je ne partirai pas. Je resterai ici tout l’hiver. Depuis quelques années, je m’installe longtemps dans des coins de France. J’écoute parler les gens, je les regarde. Que cette France est secrète ! On la trahit dès qu’on la juge. »

Je lui disais quelquefois :

– Racontez-moi vos ambitions, vos rêves.

– J’aimerais voyager. J’aime à faire une valise bien rangée et pleine, et à prendre le train. Mais si je reconnais une personne dans le wagon, si j’ai un compagnon, mon plaisir est gâté. Cela m’amuserait de faire beaucoup de choses dont je me sens capable : gérer un hôtel, un magasin, ou encore être espionne. Au lieu de ces emplois intéressants, je fais des gâteaux pour les passants. Cela ne m’ennuie pas.

– Dans ces vœux, il n’y a pas une pensée pour l’amour, l’homme est exclu. Vous n’avez pas de cœur. Seulement de la fierté.

– Peut-être. Je ne sais pas.

– Vous croyez que l’amour est une flétrissure ou bien une servitude ?

– Peut-être.

Je lui avais souvent parlé de Vézelay, la ville sainte, la cité du silence, avec ses toits bistrés qui dévalent de sa claire basilique, les vallonnements qui l’environnent et la religieuse paix de ces choses. J’en ai tant parlé qu’elle voulut m’accompagner quand je fis le projet d’aller au pèlerinage de septembre.

J’arrangeai le voyage à ma façon et je commandai une voiture. En partant, je lui dis qu’il y aurait trop de monde à Vézelay ce jour-là pour y chercher une chambre et que nous passerions la nuit à Château-Chinon.

Dans la voiture, elle se blottit contre moi, comme si elle dormait. La nuit vint pendant que nous montions par une route tortueuse vers la Roche-Suize. Les lueurs de la voiture éclairaient au bord du chemin les taches roses des bruyères en fleur, des arbres sombres, des ouvertures dans les futaies plus sombres encore. Le ciel noir, balafré de vagues clartés, laissait voir des ravins par échappées, et je ne sais quoi d’altier et de sauvage qu’il fallait deviner. On inventait le paysage. Tout brouillé dans ces ténèbres, il m’a laissé le souvenir d’un grand tableau.

Je me penchai sur les genoux de Suzanne et je pris sa main que je pressai contre mes lèvres, sans bruit, afin que le chauffeur, assis devant nous, n’en eût point de soupçon. Je sentais ses doigts se crisper contre ma bouche, s’offrir et se retirer comme si j’avais tenu tout con corps agité dans une étreinte silencieuse. J’aurais pu souhaiter davantage, mais c’était bien assez.

Il était tard quand notre voiture s’arrêta devant l’hôtel de Château-Chinon. Nous avons dîné, puis je lui ai montré sa chambre que j’avais choisie en arrivant. Je suis allé dans la mienne, et je suis retourné la voir. Elle n’a pas semblé surprise. Elle était debout au milieu de la pièce, dans un peignoir bleuâtre, et le faible éclairage électrique donnait à son visage blême une transparence de fine porcelaine.

Je lui dis d’enlever ce vêtement. Elle le fit tomber de ses épaules, sans un mot, d’un mouvement docile, comme si elle renonçait tout à coup à la fierté de sa vie.

Je l’ai menée vers son lit. Je passais doucement les mains sur cette gorge virginale, ce grand corps nu, étendu devant moi, tant gardé par elle et dont j’avais souvent rêvé, lorsque je vis du sang que ma caresse étalait sur sa poitrine. Elle ne bougeait pas : de ses narines coulait un ruisselet rouge.

Toute la nuit, nous avons tâché de tarir cette source tenace. Le matin, je l’ai conduite à Nevers, demi-morte dans le fond de la voiture. Je voulais retrouver son regard, mais c’est moi qui n’avais plus d’existence pour elle. Deux jours elle est restée absorbée dans ses prières et sa conversation avec des anges. Elle est morte endormie.

Depuis, vous le comprendrez, je ne suis pas bien vivant moi-même. Elle m’a ouvert un étrange chemin dans ces fourrés pleins de senteurs de vie où d’abord je l’ai pourchassée ; une clairière.

 

 

 

II

 

LETTRE            

 

Dans l’Amérique de mon enfance, où je retournerais si elle existait encore, j’ai connu des hommes qui étaient les plus civilisés du monde. Ils avaient de singulières amours, les plus délicats épousaient des bergères. Ainsi, ils compensaient par quelque rudesse l’extrême raffinement où ils étaient tombés. L’amour est d’abord une sorte d’hygiène : on cherche un contrepoids. Cette idée m’est venue pendant que je songeais à vos goûts qui sont à l’opposé de votre nature. Je sens une volonté de mortification et je ne sais quelle hygiène héroïque dans vos penchants et même vos opinions ; par exemple, ces enthousiasmes bizarres que j’ai remarqués plusieurs fois chez vous depuis vingt ans et que j’appellerai, donnant à ces mots plusieurs sens : la sympathie pour l’ennemi ; ou encore le faible que vous avez pour des gens que vous jugez rustiques ou naturels. « L’eau de source filtrée dans les profondeurs du sol » vous a plusieurs fois enivré. C’est une cure, je pense, comme la sympathie pour l’ennemi. Je vous parlerai un autre jour des seigneurs américains un peu décadents qui sont vos frères.

Je ne blâme pas cette inclination, mais je ne vois rien de primitif, au sens que vous donnez à ce mot, dans le peuple, surtout chez les femmes et en France. Ces femmes ont les sentiments plus contournés qu’un coquillage. Il n’y a que la nature pour former des objets aussi compliqués, des vertus ambiguës, une pureté morbide, de tendres cœurs un peu sauvages, pleins de replis et de nœuds, avec une goutte de venin. Votre Morvandelle ressemble à une Renée de ma jeunesse. Le même visage angélique de poupée triste. Son métier l’obligeait à sourire tout le jour. Elle avait de la gentillesse quand elle recevait des étrangers, et a consumé un trésor de patience pour des inconnus. Dès qu’un homme lui plaisait et qu’ils en venaient aux familiarités de l’amour, elle était prise de lubies. Souffrant de sa propre humeur farouche, fantasque, épineuse, elle n’a pu en guérir. Toutes ses amours ont péri sous ses griffes. Je fus parmi les blessés.

Était-ce son naturel qui se réveillait alors dans la liberté des sentiments ? Une revanche contre son personnage social trop souriant ? Une aversion obscure de l’homme ? Je vous abandonne ces analyses. Je veux dire seulement que la nature humaine offre une piètre base à toute société ; et même elle n’a jamais permis de fonder un bon ménage. Il faudra changer la substance première. Ce sera l’affaire des chimistes. Pour cette refonte, ne comptez pas sur la Révolution, la police ou de puissantes machines.

Une sévère éducation bourgeoise et chrétienne avait simplifié des êtres si mal venus, et les convenances formaient de bons rapports entre les hommes. Des contraintes, depuis le berceau, imposaient l’idée d’autrui si difficile à concevoir et qui est l’essentiel de toute morale. La politesse peut suffire ; elle a calmé des enragés. Aujourd’hui, cette éducation a disparu. Les enfants crient à table et ne savent pas tenir une fourchette ; on ne voit pas qui pourrait les instruire.

Je vous écris d’une ville d’eau où je suis né. Je m’y promène au milieu d’une population qui m’est étrangère. Dur exil que d’être étranger chez soi. Les hauts et les bas de la fortune, la permanente révolution des mœurs, les concours, la chance, l’astuce, les guerres ont élevé et précipité tant de monde que la société est brassée jusqu’au fond. Pourtant je reconnais quelques types d’un roman de Bourget ou de Balzac. Sept ans, des troupes de toutes nationalités avec leurs officiers, des Parisiens qui se cachaient ou qui voulaient se nourrir ont vécu dans ces campagnes et donné la fièvre aux habitants. Dans cette société française, plate et bourbeuse, où je ne vois rien d’enviable, des jeunes filles recluses ont des rêves d’ascension et de bonheur ; l’ambition et la vanité excitent toujours l’énergie ; les ressorts de l’ancien répertoire tiennent bien.

Songez-y, lorsque vous chercherez la clef d’une énigme sentimentale. Nous habitons encore et pour longtemps un vieux monde.

 

 

 

III

 

LETTRE            

 

Il n’y a point de clefs, je le crains, pour les énigmes sentimentales, comme vous dites. Je suis revenu à Savigny voir le Dr Keek. Il a connu Suzanne et m’a dit que si elle a écarté tant de prétendants, cela ne tenait pas à une nature glacée, ni à l’orgueil, mais au contraire à un cœur tendre et un peu romantique. Elle aimait en secret un jeune instituteur. C’était un garçon vulgaire, mais qui avait du goût pour la poésie. Il écrivait de séduisantes lettres et lui adressait des poèmes où elle croyait se reconnaître et qu’elle relisait jusqu’à l’enivrement. Prisonnier depuis 1940, il est rentré communiste d’Allemagne et a jugé Suzanne trop élégante pour lui. Il a cru aux bruits qui accusaient la famille de complaisance pour les Allemands, et brusquement s’est marié avec la fille d’un collègue qui partageait ses opinions politiques.

Je ne veux plus questionner personne. On me raconterait peut-être une autre histoire, et on la peindrait autrement. Je me rappellerai Suzanne comme il me plaît. En ce moment, les bois sont fleuris de pervenches. Je la vois partout près de moi, comme naguère, quand elle marchait à mes côtés dans ces sentiers, toujours distraite. Si je l’ai aimée, c’est à présent dans la mort peuplée où je ne puis lui faire du mal.

J’éprouve un étrange sentiment d’allégement, comme si je venais d’échapper à quelque danger, ou je ne sais quelle contrainte. Cette sensation d’aise intérieure vient-elle de la solitude retrouvée ? La solitude est un abri comme la mort.

À Bourbon-le-Froid, où j’ai passé l’hiver, les plus belles maisons furent construites par de riches amoureux qui ont cloîtré dans le luxe une jeune Morvandelle. J’ai découvert que le plus fastueux de ces châteaux d’amour fut offert par un industriel charentais à la fille d’un marchand de poissons. Je ne pensais pas trouver à Bourbon-le-Froid l’établissement amoureux d’un homme que je connais depuis mon enfance et qui a vécu à cent lieues de là. Me promenant autour du parc, j’admirais que l’on puisse introduire dans sa vie tant de complication et construire des choses aussi imposantes sur les mouvements les plus douteux du cœur. Les hommes ont trop de considérations pour leurs sentiments. Ils ne voient donc pas qu’ils sont pris dans la sorcellerie des circonstances ? Ils font moins d’embarras pour leurs crimes.

 

 

 

Jacques CHARDONNE.

 

Paru dans Hommes et mondes

en octobre 1948.

 

 

 

 

 

 

 

 

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