Ange perdu
Un petit ange à face ronde
Là-haut, d’un vol peu sûr encor,
Loin des rangs de la troupe blonde,
Avait pris son premier essor ;
Mais en sa fuite solitaire,
Dépassant les confins du ciel,
Il était tombé sur la terre,
L’imprudent petit Gabriel.
Par ce triste monde où l’on doute,
Où règnent les vices maudits,
Il cherchait vainement la route,
Qui reconduit au paradis.
Fatigué, l’aile presque morte,
Il se désespérait déjà,
Quand d’un chaume il ouvrit la porte,
Et furtivement s’y logea.
Il y vit une jeune fille
Qui, mains jointes, avec ferveur
Priait pour toute sa famille
Devant l’image du Sauveur.
Et ce fut un trait de lumière !
L’ange, heureux comme à l’hosanna,
Suivit la candide prière,
Qui droit au ciel le ramena.
Prosper DELAMARE.