Fils-du-Ciel

 

CONTE PERSAN

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Maurice DÉSILETS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abd-El-Rizwan naquit près de Téhéran en Perse, vers 18.... fils de trafiquants arabes. Il suivait ses parents aux marchés de la Syrie et du Yémen. Selon la promesse de son nom, qui veut dire « Fils du Ciel », il manifesta dès son enfance une rare acuité d’intelligence, des vertus et un courage exceptionnels. De fréquentes luttes mettaient alors aux prises les nombreuses sectes qui se partagent l’Orient, la Perse surtout. Dans ces rixes fratricides, Rizwan eut souvent l’occasion d’exercer l’étrange ascendant naturel qui lui conquérait les esprits et les cœurs. À vingt ans, favori d’un Sheik puissant, il en devint le fils adoptif.

 

 

I

 

Un soir, Rizwan, adossé à un palmier du jardin, méditait seul sous les étoiles. Le problème de la souffrance et du désir au cœur de l’homme l’obsédait au point de lui broyer l’âme d’une angoisse indicible. Une sourde irritation montait en lui contre son impuissance. Il voyait la vie humaine du sein maternel jusqu’à la tombe, vie imprégnée toute d’avidité, d’élans et de frustrations, vers le terrible inconnu de la mort ! Où trouver la lumière apte à disperser tant d’ombre ? Les religions, pour ce qu’il en savait par ouï-dire, ne supportaient pas le crible de la raison ni de l’expérience : toutes s’avéraient insuffisantes aux heures cruciales.

Tout à coup un frisson secoua les palmes au-dessus de lui, comme si des brises contradictoires se fussent disputé l’espace sur son front. La sensation d’une présence auguste envahit peu à peu son cœur et le remplit de crainte. Des bras immenses s’ouvraient dans la nuit pour l’envelopper ineffablement.

Il se tournait pour fuir, en proie à une terreur panique, lorsqu’une ombre surgit devant lui et se prosterna cherchant à lui baiser les pieds. Rizwan recula devant l’importun, mais celui-ci lui saisit les genoux dans ses bras et y appuyant son front murmura :

– Maître, que je sois le premier à te rendre hommage !

C’était Abdul-Hamid, un jeune homme de son âge dont il avait souvent surpris le regard profond fixé sur lui avec une inexplicable intensité d’expression. Rizwan, bouleversé, lui répliqua sèchement :

– Je ne sais ce que tu veux dire.

– Maître, reprit Abdul d’une voix vibrante, l’Esprit a reposé sur toi, il t’a choisi entre nous tous pour rayonner enfin la lumière et la paix à nos sens tourmentés !

– Tu te trompes. Il n’y a rien en moi que le vide d’un immense désir où soufflent des vents discordants.

– Je ne te lâcherai que tu ne m’aies béni et accepté pour esclave !

Un pli douloureux barra le front de Rizwan ; ses poings se crispèrent et il dit à mi-voix comme à lui-même :

– Oh ! Allah ! Que suis-je ? Le Néant me fixe avec ses orbites creuses et ton cimeterre étincelle vers moi... Ah ! rester ici debout et immobile, poussant de profondes racines dans le sable, semblable à ce palmier qui ne marche pas, qui ne souffre pas et qui règne incontesté sur ce jardin !... Ah ! me dissoudre un jour avec lui parmi ces arbustes en fleurs qui ne me demandent pas mon nom ni celui de mon tourment ! Allah peut me sourire : qui suis-je ? Un rien sous son souffle, une bête qui respire et se meut à peine, aveugle et récalcitrante !...

– Maître, par la lumière que mes yeux plus lucides que les tiens discernent dans l’ombre confuse au-dessus de toi, accepte, je t’en prie !

– Lumière rare et froide qui tombe des seules étoiles !

– Une force du Ciel agit en toi, je la sens, qui te pousse à l’action !

Rizwan, tête inclinée vers la gauche, semblait écouter des voix intérieures. Il murmura :

– Qui se pencherait sur la margelle de mon tourment n’entendrait nulle parole claire, mais seulement mon nom de très loin répété... Qui m’appelle ainsi, avec cette voix de multitude haletante ?... Faible comme un chuchotement, le cri s’enfle vers moi ; mon cœur creux en retentit jusqu’à la souffrance ! Assez ! Assez !

Abdul dut se lever pour soutenir Rizwan qui chancelait comme un homme ivre. Un cri de joie jaillit des lèvres du disciple :

– Allah ekba ! je ne me suis point trompé. C’est toi l’attendu des mondes !

– Ils sont aux mains des hommes de sang !

– La Parole t’étouffe, tu ne peux la garrotter, elle te tuera !

– Qu’elle me tue !

– Maître, par la Vie qui te hèle... et la Mort qui te sourit !

Le voyant fixa longuement Abdul qui reprit avec douceur :

– Douter de toi, c’est douter de l’Esprit même qui exulte en toi !

Rizwan sourit soudain, puis saisissant son premier disciple entre ses bras, il le baisa aux lèvres. Abdul glissa de nouveau à genoux et sentit un instant deux mains légères effleurer en bénédiction sa tête inclinée.

 

 

II

 

Rizwan campait sur une colline hors les murs de Téhéran. Sa renommée commençait à se répandre. Une poignée de disciples le suivaient, mais son père adoptif et ses concitoyens le reniaient.

À l’intérieur du mur près d’un ruisseau, Kayn-Hadjin avait dressé sa tente. Orpheline noble d’une beauté et d’une richesse fabuleuses, elle s’offrait à aider le jeune prophète et cherchait à le rencontrer.

Avant le lever du soleil, poussée par l’Esprit, elle sortit de sa tente et de la ville. Déjà des hommes de diverses sectes, curieux et même hostiles pour la plupart, attendaient au pied de la colline. Kayn-Hadjin s’avança hardiment jusque devant les tentes. Là se tournant vers la foule toujours croissante, elle souleva son voile d’un geste brusque et le rejeta complètement en arrière de sa magnifique chevelure.

Jusqu’à ce jour, la religion du Coran prescrivait aux femmes de se voiler et de ne jamais paraître en public sans de graves raisons, sous peine de supplice et de mort.

D’aucuns se détournèrent devant sa rare beauté. Vêtue d’étoffes riches sans ornements, elle semblait en proie au délire prophétique : ses yeux avaient l’éclat qui subjugue et la rougeur de ses joues rehaussait son charme. Elle s’écria :

– Vraiment me voici, la trompette annoncée, la cloche dont vous attendiez l’appel, cette clameur à travers votre silence obstiné ! Ô hommes, pourquoi êtes-vous là méfiants ? Debout, hors de vos couches d’insouciance ! Que faites-vous inactifs au désert ? Le Roi pacifique paraît ; voyez ses rayons ; écoutez les chants de l’âge nouveau ; une vie neuve s’insuffle dans les êtres, les zéphyrs de l’Esprit soufflent vers nous. Debout ! les portails du matin s’ouvrent et il vient, le Fils de la Sagesse !

À ce moment précis, Rizwan, auréolé du soleil levant, sortait de sa tente, les cheveux à la brise du désert, pieds nus et vêtu d’un burnous immaculé. D’un bras à la fois humble et fier la jeune fille le désignait.

Il faut connaître l’âme orientale pour comprendre l’émotion indescriptible de la foule et la scène qui s’ensuivit. Tous se prosternèrent à l’exemple de Kayn-Hadjin. Dans le silence, un enfant se mit à pleurer. Un jeune homme frappé de folie se trancha la gorge. Quelques-uns se mirent à accabler d’injures la prophétesse aux pieds du Sage.

Rizwan prit aussitôt la parole avec force et une émouvante douceur : dans son verbe imagé, il expliqua Dieu-Amour et l’Homme-Désir, faits pour se compléter ineffablement l’un l’autre. Il insista sur la fraternité primordiale de tous les hommes, feuilles aux branches d’un même arbre, gouttelettes au sein d’un même océan, notes mélodieuses à fondre en accord parfait vers Dieu. Il termina, les yeux au soleil et les mains levées en bénédiction :

– El-Abha, regarde-moi suppliant en ta présence avec cette langue animée de ton souffle, ce corps tissé par toi, et toute mon âme. Que la bonté pleuve des nues de ta miséricorde. Ne nous ménage pas les rayons de ton unique réalité. Que nous devenions chacun un cri, un bond de liesse vers toi sous l’astre effulgent de ta gloire !

Il se pencha vers la vierge à ses pieds, murmurant avec tendresse :

– Quant à toi, ma colombe mienne, depuis longtemps je te cherche. J’allais tendant l’oreille à ton chant intime. Ton nom m’était inconnu, mais déjà tout le reste vivait en moi : tes cheveux sur ma joue aux soirs de pluie et de vent, ton haleine entre mes dents quand je mordais de joie le zéphyr ; j’ai vu ton cœur au cœur de la rose et ton âme entre les pétales du lis... Et tu t’es donnée toute, consciente du don pleinement, consciente aussi... de la peine !

Kayn-Hadjin frissonna, assise sur ses talons, tête humblement inclinée. Le Maître s’approcha et du doigt leva le menton de la jeune fille, forçant son regard à rencontrer le sien. Leurs yeux se pénétrèrent un instant. Rizwan soupira très bas :

– Bien-aimée, oracle d’El-Abha ! Ce soir même, pour toi le rouge hymen ! Au ciel pour moi, désormais, l’étoile de ton regard !

Un sanglot le prit à la gorge ; il regagna sa tente en hâte, courbé comme sous un poids écrasant.

Quelques heures plus tard, Kayn-Hadjin était arrêtée. Après un jugement sommaire, ses biens furent déclarés propriété du Shah et sa personne livrée aux bourreaux. On lui taillada la poitrine et dans les plaies béantes on enfonça des cierges allumés qu’on remplaçait à mesure qu’ils se consumaient. Elle fut ainsi promenée à travers les rues de la ville. Ce martyre dura plusieurs heures. Au couchant du soleil elle fut décapitée.

Au moment du dernier supplice, Kayn-Hadjin sourit et dit :

– Ah ! El-Abba est saint et son âme est Amour ! Qu’il me reçoive dans ses jardins. J’entends le rossignol y préluder à l’éternel et mes narines se dilatent aux effluves de la Rose !

Elle venait d’avoir ses dix-huit ans.

Abd-El-Rizwan, menacé à son tour, s’enfuit au désert. Son nom volait de bouche en bouche : les vieillards le voyaient en songe comme un demi-dieu, les jeunes gens brillaient de le suivre, les mères et les femmes priaient, tremblant pour la vie du saint. Sa retraite dura trois ans.

 

 

III

 

À son retour du désert, on se rua par foules vers lui. Il vécut alors quelques années d’une intense activité. Sa popularité et son prestige furent tels que les autorités s’alarmèrent et le firent incarcérer à Bagdad.

En prison, il ne se refusait à personne. On l’entendit un jour prononcer ces paroles étranges, adressées à un arabe chrétien :

– Yessouf est le Mot de Dieu. Une lettre prise seule n’a pas de sens. Les créatures sont des lettres ; mais Christ est le Mot, le centre sensé de toutes les merveilles. La lampe éclaire, la lune éclaire, mais nulle n’éclaire comme le soleil qui est par lui-même lumière. Ainsi Christ est Vérité sans commencement ni fin !

Des disciples furent incarcérés avec le Maître. Il y en eut un jour plus de cent cinquante dans l’étroite cellule avec lui. Ahuri, le gouverneur transféra son illustre prisonnier à Andrinople, d’où il prit bientôt le chemin de la colonie pénale d’Acca en Syrie.

Dans un assaut de fanatiques musulmans sur la prison, une vingtaine de disciples furent massacrés sous les yeux du prophète. Cherchant à le couvrir de son corps, Abdul-Hamid, son plus cher ami et bras droit, eut le crâne fendu d’un coup de cimeterre. Abd-El-Rizwan se tint responsable de ces morts. Il en fut atterré.

Peu après il apprit qu’un comité jurant sa perte préparait un interrogatoire serré. Il refusa de paraître devant le tribunal et fit dire au gouverneur : Écris ce que tu veux contre moi. J’apposerai mon signe au bas du document. Kismet ! j’ai vécu ma vie, je ne crains point mon Créateur, miséricordieux entre les miséricordieux.

À des fils de la libre Amérique qui s’offraient à le délivrer et à l’embarquer pour leur patrie, Rizwan répondit :

– La seule prison à craindre est celle de mon corps. Mon âme, comme l’oiseau céleste sans abri ni demeure stable, chante partout l’hymne de son exil. Puissé-je prendre sous peu mon essor vers la demeure de paix !

Il fut condamné à être écartelé sur la place du marché à Shiraz et l’exécution fixée au surlendemain.

 

 

IV

 

Des nuages couvrent le ciel. La nuit est torride. Abd-El-Rizwan arpente l’étroite cellule. Près de lui dans l’ombre, deux Présences, à droite et à gauche. Celle-ci seule discourt avec le Sage :

– Demain soir tu ne seras plus. Pour toi le Vohu-Manah de tes ancêtres, où les âmes reposent sur des tapis d’or. Pourtant ton cœur est de pierre en ta poitrine ; non de crainte, je sais, mais ces doutes... Depuis ton enfance, depuis l’heure où l’Amour t’appela d’entre les étoiles au désert, dis, tu les avais prévus ces obstacles, cette haine et la mort ?

– Non pas le martyre de l’ami et le massacre des frères à ma face !

– Le message bouillait en toi, irrépressible ; il te fallait crier, ta voix ne souffrait pas de bâillon !

– ... ce ver au cœur qui me ronge sans paix ! Jadis la joie en hymne délirant ; j’allais homme de Dieu parmi les voyants ; à la main leur flambeau !

– Il luit encore entre tes doigts.

– Demain...

– Ta mission est une semence aux larges sillons des âmes.

La foudre gronde au loin. L’orage s’annonce violent. Les éclairs jaillissent à intervalles de plus en plus rapprochés. Rizwan, songeur, continue :

– ... mes parents autrefois délaissés sans le moindre pleur en mon enfance... Plus tard l’unique fiancée fauchée en pleine floraison. Mes disciples et l’ami qui m’aspergent de sang. Ah ! vide ma vie. Aux replis de mon être pas un seul grain d’encens vers l’Amour. Moi seul, moi, et ce désir aveugle vers...

– Il est vrai, tu as été dur pour les tiens et pour toi-même. Peut-être eût-il mieux valu moins creuser l’abîme en ton cœur et autour de toi. Tant d’holocaustes vains ! L’Amour est-il frère de Nasav l’inassouvi de morts ?

Le sage croit entendre comme un rire dans le vent qui s’élève par bouffées. Les branches d’un arbre frôlent le toit avec un crissement tourmenté. La Voix de gauche poursuit insinuante :

– Abd-El-Rizwan, la liberté bat de l’aile en ton cœur. Sache que le vaisseau tangue pour toi toujours dans la baie vers l’Amérique. Il t’emportera au pays plus amical du couchant. Tu y seras accueilli comme le soleil par ces âmes dans la nuit.

Rizwan a un geste d’irritation. Un éclair aveuglant, et la foudre éclate. La pluie s’affale par torrents. Le sage reprend sa marche soucieuse. La Voix encore :

– Bah ! te voilà divaguant. Laisse donc cet imposteur dont la figure crucifiée t’intrigue, ce Yess...

– Tais-toi ! Ne prononce pas le Mot qui ne cesse comme un astre de me rayonner à l’âme je ne sais quel attrait irrésistible !

– Voyons, chasse ce fantôme. Donne réponse à mon offre. Ce sera le triomphe de ta mission de par le monde.

Coup de foudre tout près. Une rafale secoue la maison. L’arbre se tord à la fenêtre. Rizwan ferme les poings et murmure entre les dents :

– Ô Voix de gauche, sifflement sans cesse de serpent, tu m’instruis ! Ce que tu crains : sacrifices, mort, Yessouf... là est le devoir ! Tu parles bien ; l’Autre à ma droite me conseille aussi. Combien plus persuasif son silence ! Toute ma vie, ainsi en moi deux conseils : l’un muet d’amour, l’autre babil sans suite d’enfant vers la lune !

Nouvel éclat de tonnerre. Ricanement prolongé dans le vent. Le prisonnier attend dans un silence lourd. La crainte lui croît au cœur et le broie. Un temps, et la Voix devenue inexorable reprend :

– Ah ! tu croyais en Lui ? Pauvre illuminé ! Tu vois Qu’Il a la parole lente ! D’ailleurs nous sommes de vieux amis toi et moi ; voilà pourquoi l’Autre ne sait que dire : l’Amour est aussi Justice ! Si tu veux te reprendre, mon offre tient. Songe bien qu’à ton refus la Mort vient au galop de quatre pur-sang, favoris du Shah !

 

Un long silence. L’orage s’éloigne dans le vent. Abd-El-Rizwan enfin reprend d’une voix ferme :

– J’entrevois la porte ouverte à la liberté. Il est un moyen de briser toutes mes chaînes à la fois : la mort, voilà la liberté !

Le voyant ouvre les yeux et se redresse de toute sa hauteur. Un éclair illumine la cellule ; Rizwan croit voir dans l’ombre deux formes : l’une monstrueuse, accroupie ; l’autre, svelte taille de jeune fille, voile rejeté sur la tête, des gouttelettes de sang en forme de croix à son cou.

Les yeux dilatés, Rizwan attend. À la lueur plus faible d’un dernier éclair, il aperçoit encore la jeune fille, près d’elle un homme, le front ceint d’un turban rouge de sang. Puis plus rien.

Oui, il reste le Silencieux dont la présence enveloppe Rizwan de toutes parts et le pénètre délicieusement. Ému il balbutie tombant à genoux :

– Maître, ah ! bien-aimé, enfin toi ! Oh ! que je te voie ; ne t’éloigne pas cette fois sans que je voie ta face !... Que dis-je ? j’en suis indigne, mes mains fument de sang innocent. Seigneur, je n’ai pas su garder ceux que tu m’avais confiés... Mon cœur vide, vide sauf de mon moi exécrable et de l’immense désir vers toi ! Pitié !

Une brise légère rafraîchit la nuit. La lune entre deux nuages darde quelques rayons à travers la cellule. La porte s’ouvre avec un bruit de clés et un grincement de gonds. Dans l’ombre, le crucifix s’éclaire à la ceinture du prêtre accouru. Abd-El-Rizwan entend, frappé de stupeur :

– Tu m’as fait demander, fils ? Les deux que tu m’as envoyés réclament une pensée en tes prières. Ce sont certes de nobles gens : ce turban de pourpre et cette merveilleuse croix de rubis !

Les yeux du prisonnier ne quittent plus le crucifix. Les bras croisés sur sa poitrine, le regard brouillé de larmes, il murmure soudain, articulant avec une ardeur contenue ;

– Yessouf ! Yessouf ! Parle-moi de Yessouf !

 

 

 

Maurice DÉSILETS, Fugues lyriques, 1947.

 

 

 

 

 

 

 

 

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