L’enfant malade
La campagne était riante
Et le temps magnifique.
Au seuil de la porte, un pauvre enfant malade
Se réchauffait aux rayons du soleil.
Les passants endimanchés
S’en vont le long de la vallée.
À tous, l’enfant dit bonjour,
Mais personne ne lui répond.
Au loin, des bandes d’enfants joyeux
Poussent leurs cris. La vie est belle pour eux.
Lui aussi irait volontiers se promener,
Mais il tombe de fatigue au bord du chemin.
Ô papa ! ô maman chérie !
Dans ma détresse, venez à mon secours !
Hélas, mon pauvre enfant ! Ils dorment
Sous la terre leur dernier sommeil.
Ainsi l’enfant malade
Resta tout seul sur la route.
Nul ne se souciait de ses pleurs,
Chacun ne chérit que le sien.
Déjà l’écho de l’Angélus
Montait dans l’espace silencieux,
Les anges du ciel chantaient
En passant sur la plaine.
Et quand la nuit fut venue
Et que l’enfant fut seul, tout seul,
Ils l’emmenèrent avec eux.
Maintenant, il joue au paradis.
Joseph von EICHENDORFF, Romances.
Traduit de l’allemand par Albert Spaeth.
Recueilli dans Eichendorff, Poésies,
préface et traduction
par Albert Spaeth, Aubier, 1953.