Le bouquet de l’ange

 

 

Un jour, un ange tutélaire,

Envoyé pour sécher nos pleurs

En soulageant notre misère,

Voulait, près de quitter la terre,

Emporter un bouquet de fleurs.

 

À son retour dans sa patrie,

Aux yeux de la céleste cour,

Il voulait l’offrir à Marie,

À la Vierge sainte et chérie,

En hommage de son amour.

 

Mais une rose à peine née

Lui dit : « Bel ange du Seigneur,

Pour votre Reine fortunée

Ma corolle est pâle et fanée

Et mon calice est sans fraîcheur. »

 

« Hélas ! je ne suis que souillure,

Dit le lis, ne me cueillez pas.

Devant une Vierge si pure

Il faut une blanche parure

Que les lis n’ont point ici-bas. »

 

Puis la violette s’écrie,

Cachant sa timide beauté :

« Avant de m’offrir à Marie,

Ange du ciel, je vous en prie,

Enseignez-moi l’humilité ! »

 

L’ange admira ce doux mystère

Et, de pleurs humectant ses yeux,

Il dit : « Nulle fleur sur la terre

N’est digne de vous, ô ma Mère !

Allons en cueillir dans les cieux. »

 

 

 

Paul GRANGER.

 

Recueilli dans Bouquet à l’Immaculée,

Éditions Saint-Jean, 2004.

 

 

 

 

 

 

 

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