Le miracle des oiseaux
En ce temps-là, Jésus s’assit dans les roseaux,
Près d’un lac, et pétrit des images d’oiseaux,
Une corneille, un coq, un ramier, une grive,
Dans la terre onctueuse et molle de la rive ;
Et des enfants, pour ce beau jeu quittant le leur,
S’assemblèrent autour du divin modeleur.
Or, des Pharisiens qui revenaient du temple
Lui crièrent, passant près de là : « Quel exemple,
Pour cet essaim d’enfants qui devant toi s’ébat,
De travailler ainsi un jour de Sabbat !
– Quoi ! j’ai donc tant péché ? » dit Jésus aux apôtres.
Il sourit, et posa sans hâte près des autres
Un merle au bec pointu qu’il venait d’achever.
Puis, de ces mains qu’un jour il lui faudrait lever
Pour en laisser couler le salut de la terre,
Redoublant le scandale aux yeux du groupe austère,
Prestement il frappa trois coups brefs...
À l’instant,
Les oiseaux prirent tous leur volée, en chantant.
Fernand GREGH, La chaîne éternelle.