Sur une tombe inconnue, à la campagne
Sur ce tertre inconnu, rien..... pas même une pierre.....
L’oubli croît dans les cœurs, et l’herbe au cimetière.....
Pas une fleur !..... Pour lui, qui repose à jamais,
Qu’importent les doux soins, les larmes, les regrets ?
Il survécut aux siens, vieux et pauvre, sans doute,
Et chemina tout seul ses derniers jours de route :
L’oubli n’attriste pas son éternel sommeil.....
Un souffle répondit : « La mort, c’est le réveil. »
– Le réveil ? et tu dors, couché dans la poussière
Et la nuit du tombeau ! – Non : je vis de lumière.
– Comment croire au réveil, près d’un corps refroidi ?
– Tu crois au papillon près du ver engourdi ;
Tu foules en ce lieu l’obscure chrysalide.....
De l’âme, vers le ciel, suis la course rapide.....
– Mais, pour se réveiller, pourquoi faut-il souffrir ?
Ah ! pourquoi l’agonie avant que de mourir ?.....
– Ivre de liberté, le captif rompt sa chaîne.....
Il gémit sous l’effort, il crie, il râle, il peine.....
Mais un souffle d’air pur baigne son front brûlant.....
Tout ce qu’il a souffert, que c’est peu maintenant !
– Mais de quoi jouis-tu ? – De la paix éternelle.
– Et quel est ton abri ? – La maison paternelle.
– Quel en est le chemin ? – Ah ! donner de bon cœur
Au pauvre de ton pain, tes larmes au malheur !.....
Y. d’ISNÉ.
Paru dans Échos de Notre-Dame de France en 1908.