Le Hollandais errant
par
Gustave KAHN
VOICI comment Dick Roelofs racontait l’histoire du Hollandais Errant, dans la petite auberge des Trois-Rois, qui fait face au Temple, à Zuidzand près de la mer. Dick Roelofs avait, lors de ses jeunes années, beaucoup navigué ; il avait vu l’Insulinde, il avait fait le coup de feu à Atjeh. Aussi l’élite de la jeunesse aventureuse de Zuidzand à Cadzand, et de Sluis à Gronde, se pressait autour de lui, l’après-midi du dimanche pour entendre de beaux récits de guerre et de traversées. Dick Roelofs entrait aux Trois-Rois, se faisait servir du café au lait, bourrait de kanaster sa pipe blanche ; l’auditoire contemplait avec un plaisir toujours nouveau, le beau costume noir rehaussé de boucles d’argent à la ceinture, du bon Dick Roelofs, sa face glabre et ses menues boucles d’oreilles d’argent. Dick tirait une bouffée, rejetait légèrement vers l’occiput sa casquette de soie noire et ce geste commandait l’attention de toute la vertu d’un usage. C’était l’exorde traditionnel.
– On vous raconte, commença Dick Roelofs, à vous jeunes gens qui voulez labourer la mer, que, soit dans les océans du nord où le genièvre gèle, soit dans les parages du Sud où l’on voit des hommes nus et tatoués, vous êtes sujets à rencontrer le vieux vaisseau du Hollandais Errant. Tous ceux qui n’ont navigué que sur la route unie de nos canaux ont coutume de narrer bien des choses sur les étendues de la mer. Ceux qui n’ont jamais quitté les quais d’Europe, et ceux qui sont allés dans l’Insulinde, pour y être commis ou percepteurs, qu’on y a transbordés comme des colis sans qu’ils aient à s’occuper de la manœuvre, inventent des blagues énormes. Ça ne peut pas dégoûter de la mer un solide caractère, mais ça nuit tout de même, parce que tout mensonge nuit.
Moi qui vous parle, je n’ai jamais vu le Hollandais Errant, pour la bonne raison qu’il n’existait plus de mon temps, mais j’ai connu des vieux qui sans se flatter de l’avoir vu, prétendaient avoir sur lui des notions exactes ; c’étaient des gens qui avaient encore servi avec l’amiral Verhuell, et on peut croire qu’ils étaient les vieux échos de vieilles vérités, et voilà ce qu’ils disaient. Je vous le répète, pour que vous ne vous attendiez pas a rencontrer en mer le vaisseau désemparé. Il y en à prendre, il y en a à en laisser. Je commence.
– Patron Willhelm était un bon marin qui ne craignait ni Dieu ni diable, ni curés, ni pasleurs. Demander s’il était Arminien ou Socinien, cela serait inutile : il n’eut pu dire au juste s’il était bon catholique ou bien protestant éclairé. Je pense qu’il ne savait pas non plus si son père avait eu là-dessus une idée très nette. Il était né à bord. Son père avait avec lui sur son schooner une belle femme brune qu’il avait ramenée d’un voyage vers le Sud. Il avait expliqué à son fils que plus on est en mer, moins on a de raison de craindre la chose éminemment respectable et redoutable qui s’appelle la maréchaussée. Je ne vous dirai pas que c’était une famille d’excellentes gens comme nous aimons à les rencontrer à l’Hôtel de Ville, en train de gérer nos affaires communales, mais on ne reprochait pas à notre homme des peccadilles bien grosses. Seulement, assurément, c’était un luron à sa manière, qui n’avait peur que du récif et du vent contraire. Quand il se levait, et qu’il montait sur le pont de son schooner, il saluait l’aube matinale d’une énergique bordée de jurons. Il prétendait qu’au lieu de sacrer tout le jour, comme c’était alors la coutume de la marine, il était préférable de réunir en un seul paquet toutes les réclamations qu’un brave homme est en droit, en sortant d’un bon rêve, d’adresser à la Providence et que cela lui éclaircissait la gorge, au moins autant que la goutte de brandevin, qu’il est nécessaire de prendre au petit matin, alors que la nuit laisse encore traîner quelques toiles d’araignées sur la mâture. Et on conte que patron Willhelm en disait, à cette heure-là, de toutes les couleurs, au bon Dieu ; il savait, à force d’avoir navigué et de père en fils, des bribes de toutes les langues, sa diablesse de mère lui en avait appris de belles, et alors, sur son tillac, il en disait de salées, et pouvait en dire longtemps.
Or un jour qu’il revenait d’Insulinde avec une cargaison d’épices, il célébra le passage de la Ligne un peu copieusement, de sorte que ce jour-là, soit qu’il se trompât et se crût le matin, alors qu’il buvait depuis douze heures après l’aube, soit qu’il eût trouvé le jour favorable pour un changement d’habitude, il se mit brusquement debout sur son tillac, et commença sa bordée de jurons ; il s’en gargarisait, il en faisait des roulades, il prenait à la suite toutes les parties du chœur, et on eût dit que toute une population injuriait le Seigneur et blasphémait son saint nom, et lui demandait entr’autres indiscrétions, où il avait péché un pareil benêt de fils avec des mots très désagréables sur le compte de la Vierge mère ; et les matelots qui, eux aussi, avaient passablement bu, et qu’il choisissait parmi les mécréants, de préférence, faisaient chorus avec lui, et se moquaient, à qui mieux mieux de toutes les puissances célestes. Dieu, qui est patient, les laissait dire, mais quand tout l’équipage eût roulé sur les paquets de cordage, et que Willhelm, le dernier éveillé, fut resté sur le tillac à regarder avec des yeux un peu hébétés le sillage de son bateau, pour voir s’il y verrait de ces belles femmes qui ont des queues de poisson, qu’on rencontrait jadis du côté de la Ligne, Il se présenta... Ce fut une vague énorme qui se leva en plein calme, à côté du navire, se recourba et parut suspendue sur la mature comme un énorme bloc de pierre transparente, et Wilhelm étonné, mais pas dégrisé, murmura : Au nom de tous les diables... et tout de même effrayé, il eut le geste de s’enfuir et tourna casaque. Le temps d’un clin d’œil, assez pour qu’il vît tout au loin le ciel magnifiquement étoilé et la mer plate comme un lac d’huile. Alors Willhelm, qui était à sa manière un philosophe, se dit : « Je ne boirai plus de ce vin de Portugal ; il vous fait voir des vagues par des temps calmes, et je pour rais perdre mon bateau avec des illusions pareilles, et tuer ces malheureux dont je suis le chef ; je ne boirai plus que du vin de France. En attendant je ferais bien d’aller au gouvernail, les mers tranquilles sont perfides comme une femme. »
Alors toute la vague s’illumina et Willhelm y vit, tranquillement logé, Dieu le père, avec ses yeux terribles, sa barbe blanche et son grand manteau bleu. « Sacré vin de Portugal », murmura Willhelm ; mais voici que la vague se mit toute à chanter d’une voix très douce et ce fut comme un prélude à la voix du Seigneur qui lui dit : « Willhelm, cette vague allait écraser d’un coup au fond de la mer le chenapan que tu es, et ta langue d’ivrogne, et tes jurons dont je daigne être importuné. Mais comme avant de penser à toi, tu as pensé à tes compagnons dont tu fais des chenapans à ton image, je te laisse la vie. Mais tu seras condamné à vivre éternellement, eux et toi, dans une ceinture de brume ; personne ne te verra, tu ne verras personne. Pour que demain tu te souviennes et ne mettes pas mes paroles sur le compte du vin de Portugal, je vais te débarrasser de ton gouvernail. » Un paquet d’eau couvrit instantanément le navire et jeta Willhelm par terre. Quand il se secoua, ayant vu sous cette énorme claque toutes les féeries de l’arc-en-ciel, il alla à son gouvernail ; il n’y en avait plus. Lors Willhelm jugeant qu’il n’avait plus rien à faire sur le pont, s’en alla comme il le put, c’est-à-dire en trébuchant souvent, jusqu’à sa cabine et s’endormit du sommeil du juste.
Le lendemain, il raconta la chose aux hommes de l’équipage, et leur dit : « Si vous n’aviez pas tant bu, vous auriez été peut-être en état de faire ou de dire quelque chose ; le certain c’est que nous n’avons plus de gouvernail. Je n’y peux rien, vous non plus, nous donnerons de la toile pour arriver le plus vite possible, n’importe où, fût-ce au diable ; il se peut que ce soit là que nous allions. En attendant, comme nous ne pouvons rien à rien, je vous autorise à parler avec les réserves de brandevin, et que grand bien vous fasse. »
Là-dessus, il redescendit à nouveau dans sa cabine, pour y dormir, puisqu’il n’y avait rien de mieux à faire, et qu’on n’y voyait vraiment goutte, tant le navire cheminait dans la brume.
Les réflexions de Willhelm l’amenèrent à croire qu’il s’était trompé en attribuant aussi peu d’importance à Dieu, ou bien qu’il avait bu singulièrement plus que ne peut le faire un capitaine de navire ; et il résolut de modifier ses opinions et ses habitudes. Il ne but plus que de l’eau, et cessa de jurer ; il n’allait pas jusqu’à prier, il n’en avait pas coutume, il avait crainte de le faire ridiculement. Les marins, eux, ne dégrisaient pas et cela leur permettait de ne réfléchir à rien ; quand l’eau-de-vie fut épuisée, ils virent avec surprise que cela ne leur manquait pas ; il n’y eut plus de vivres, ils se désespérèrent à l’idée de mourir de faim, mais comme ils se rendirent bientôt compte qu’ils n’avaient pas faim, ils se mirent à jouer de longues parties de dés. Ils se levaient, ils se couchaient, ils ne faisaient rien ; la vie leur parut assez supportable ; et l’un d’eux ayant eu l’idée qu’un jour, par le jeu même des choses éternelles, la miséricorde divine finirait bien par s’intéresser à eux, ils furent désormais assez tranquilles et presque joyeux. Tout eût été assez bien sans cette perpétuelle vision grise, qui accompagnait leur course, et le grand silence qui les environnait.
Vous pensez bien que Dieu, qui a tant d’affaires, oublia bientôt notre Willhelm ; son bateau courait des bordées dans la mer froide, dans la mer parfumée, frôlait de sa nuit des nefs et des semaques, côtoyait les pêcheries pour repartir d’un bond vers les grands courants, sans que personne s’en occupât plus. Cependant il advint que cette histoire arriva aux oreilles de la défunte mère de Willhelm, cette Espagnole orangée et bleuâtre que le père de notre homme avait ramenée de quelque danse sur de la pierraille de soleil. Cette femme que durant sa vie on avait nommée Barbara était au ciel ; je vous vois bien étonnés ; rassurez-vous, elle n’était pas au ciel en qualité de bienheureuse. D’abord après sa mort elle était arrivée droit au purgatoire. Les femmes, m’a expliqué un savant pasteur, ne vont pas toutes en enfer, et même elles n’y font que des apparitions. On les laisse en enfer juste le temps d’exaspérer les damnés, et on les en retire pour leur donner le temps de les regretter passionnément, alors on les leur rend jusqu’à l’exaspération. Vous voyez : on a beau brûler là-bas, on pense toujours un peu comme sur la terre. Une autre raison qui fait que la plupart des femmes ne vont pas en enfer, mais au purgatoire, c’est que le bon Dieu sait bien que si la plupart des misères et les péchés de ce monde arrivent par les femmes, ce n’est pas tout à fait de leur faute, mais bien de la sienne, car il les a créées faibles, folles, énergiques, bavardes, contenues, tout cela ensemble et sans ordre. Parmi ces âmes du purgatoire, il en est qui sont appelées au ciel pour les gros ouvrages, et même pour des besognes plus relevées, car Dieu l’a bien remarqué, les dames qui ont le plus fleuri la terre du parfum de leurs belles qualités, et que le peintre a représentées dans les églises, sur les tableaux qu’elles donnèrent, plongées dans une céleste prière, sont rarement expertes de leurs dix doigts. On recherche parmi les femmes du Purgatoire, particulièrement, celles qui savent préparer une cuisine vraiment céleste. Barbara était de celles-là, elle savait faire tous les plats, et surtout glisser dans les mets une pointe audacieuse de saveur forte et épicée, bien propre à égayer des gens qui ont de tout, trop à foison. Barbara avait beaucoup de crédit à cause d’une soupe au poisson qu’elle préparait à merveille. Saint Pierre, qui avait été pêcheur, chaque fois qu’on lui servait de la waterzoï, disait : ce n’est pas cela, c’est fade en diable, malgré la pointe de céleri. Il mit une waterzoï au concours, cl s’arrêta en bon juge devant une admirable soupe au poisson que Barbara avait superbement dressée selon les règles de l’art provençal ; quand il vit dans le safran superbe la pourpre des petits homards surtout, et qu’il eût goûté, il lui sembla que pour la première fois il venait de manger d’un mets divin, et il fit attacher Barbara au service spécial des dîners de fête des Évangélistes. Là, Barbara entendait parler un peu de tout ; elle y apprit l’histoire de son fils et son émotion fut si forte qu’elle laissa tomber un plat merveilleux qu’elle apportait à la table. On la questionna, elle répondit qu’il ne pouvait s’agir que de son fils, elle pleura, elle supplia, et de peur de la voir tomber en mélancolie, et que sa cuisine ne s’endeuillât irréparablement, les Évangélistes résolurent de demander au Seigneur quelque adoucissement à la situation de Willhelm.
Ce ne fut pas très commode. Dieu déclara d’abord qu’il lui donnerait le droit de descendre à terre tous les sept ans et d’y chercher une jeune fille qui consentît à partager son sort ; mais la Vierge lui fit observer que c’était là, pour faire plaisir à un sacripant dont le repentir n’avait point de valeur, puisqu’enfin il ne se repentait que frappé par la forte main du Seigneur, sacrifier bel et bien une fille sage et héroïque et gâcher le bonheur futur d’un brave homme qui n’aurait point péché. Dieu eût égard à cette objection et déclara : « Eh bien, il errera jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose de nouveau sur la mer. »
Les Évangélistes se retirèrent assez mécontents ; car rien ne pouvait faire espérer un changement dans le sort de Willhelm. La pauvre Barbara obtint, un soir, de voir avec les yeux de l’âme ce qui se passait sur le schooner maudit.
Dans le faux pont, enroulés de leurs manteaux, vieux et même sans âge, les matelots dormaient d’un sommeil de rêves monstrueux, ne sachant trop s’ils vivaient ou s’ils mouraient. Quelquefois un d’eux s’éveillait, montait jusqu’au pont, s’assurait que brûlait sans cesse un fanal rouge fixé à la mature, et s’en retournait près des autres dormeurs. Sur le pont, Willhelm, près du tillac, regardait la brume, l’air défait, lassé, indifférent, accoutumé à cette fuite du temps dans l’ombre, presque aveugle de cette brume perpétuelle, ne pensant plus à rien, les ressorts cassés, réunissant à peine quelques vagues regrets. Et la pensée vint à Barbara que ce n’était même pas le malheur et que courant ainsi dans le vide, sans bouger, il était pareil à tous ceux de la vie qui sont lancés sur un courant dont ils ne peuvent calculer la portée ni la direction, elle regagna ses fourneaux à demi consolée, et espérant en quelque miracle imprévu, encore que le train-train du ciel et de la terre ne le lui permissent guère. Elle s’en remettait, sans trop y compter, sur l’infinité de la miséricorde divine, et de temps en temps elle agitait ses casseroles et ses cuillers avec une extraordinaire vigueur, rêvant de catastrophes inouïes plus terribles que l’ancien déluge, qui fondraient les cataractes du ciel, et projetteraient la mer jusque dans les nuages. Quand cela la prenait, la cuisine était brûlée, mais qu’y faire ? Dieu ne voulait entendre parler de rien.
Il était dit que ce serait l’homme, la science de l’homme qui mettrait fin à la course furieuse du patron Willhelm. Un soir que sa torpeur était moins forte, et qu’il s’était accoudé à son bastingage, regardant sans trop réfléchir la ceinture liquide que l’eau lui passait sans cesse, et les murs tremblants de sa prison de vapeur, il lui sembla entendre d’affreux sifflements. Il chercha dans ses souvenirs vacillants ce que ça pouvait bien être, et sans y réussir, car aucun son de ce genre n’avait jamais frappé ses oreilles ; tous les chats de Néerlande, toutes les criailleries de femmes, le déroulement des plus fortes chaînes de fer, le ululement des vents les plus violents, ce n’était rien à côté de cette sorte de miaulement de fer qui s’enflait, qui faisait gros dos, qui s’élargissait, qui s’élevait comme un immense pilon sonore, qui retombait en grand cri navré. Il s’effara, il lui sembla que le bruit s’approchait, s’approchait, et il voulut crier ; mais il n’était plus habitué à crier et le son de sa voix était perdu ; il voulut courir jusqu’au faux-pont pour réveiller ses compagnons les tirer par leur manteau, mais il vacillait sur ses pas. Eux aussi avaient entendu le cri mugissant, et se traînaient sur le pont ; des têtes dépassaient les écoutilles, effrayantes de vieillesse ; tout à coup au-dessus d’eux apparut un fanal rouge, plus rouge que le leur et une immense forme noire, et ils n’entendirent plus rien, car le premier bateau à vapeur qui traversait l’Atlantique venait d’écraser sur son passage le frêle schooner du Hollandais Errant qui s’abîma sans cris, sans bruit. Des têtes curieuses se penchèrent sur le bastingage du bateau à vapeur, où il semblait bien qu’on avait heurté quelque chose ; mais comme on ne vit rien, on négligea de stopper et on continua la route.
Au seuil du Purgatoire, Barbara attendait son fils et ses compagnons qui avaient vécu leur enfer sur la mer, et les accueillit d’un magnifique repas de bienvenue. Et comme elle ne voulait plus quitter son fils, on dut lui promettre que bientôt, au bout de peu de siècles, son Willhelm serait aussi débarrassé du Purgatoire et admis parmi les bienheureux. Mais ce n’est peut-être là que de la diplomatie céleste.
– Et pourquoi donc, Dick, dit un des assistants, Barbara n’avait-elle pas déployé tout ce zèle pour son mari, qui était sans doute en enfer ?
– Parce qu’il l’avait trop battue, peut-être, et puis il ne devait pas être malheureux, le Diable a toujours besoin de gens aussi dégourdis qu’un fin marin néerlandais, et il les choie en conséquence. Une raison de plus pour t’engager dans la marine de notre pays.
– Oh ! il a le temps, laisse-le venir ici encore quelques dimanches, dit le cabaretier des Trois-Rois, à Dick Roelofs, en posant devant lui un verre de bière, et Dick lui donna raison.
Gustave KAHN, Contes hollandais, 1903.