Sainte Tryphine
par
Anatole LE BRAZ
I
C’ÉTAIT à Lanmeur, – jadis une des vieilles villes abbatiales de la Bretagne, aujourd’hui un simple chef-lieu de canton, sur les confins du Finistère et des Côtes-du-Nord.
Je venais de visiter l’antique église de Kemitron, située hors de la bourgade, au sommet d’un tertre verdoyant qu’une ceinture de hêtres séculaires enveloppent de leurs puissants ombrages. Il faisait un soir d’été très doux. Entre de longues bandes de nuées violettes dormaient des fleuves de pourpre où le couchant achevait de mourir. Une vieille en cape de laine brune filait sa quenouille, assise sur le parapet de pierre qui forme banc pour les pèlerins autour de l’enclos sacré.
– Qui donc, lui demandai-je, est la patronne de Kemitron ?
Elle me dévisagea un instant avec des yeux surpris ; puis, jugeant sans doute à mon ignorance que je devais être étranger, elle répondit d’une voix un peu chevrotante, mais dont le timbre avait des résonances singulièrement pures :
– C’est Notre-Dame, monsieur.
Puis, après un silence :
– Il y a beaucoup de Notre-Dame. Seulement il n’y en a qu’une comme la nôtre.
– Ah ! fis-je, l’air intéressé.
– De son vivant, elle s’appelait la Reine Tryphine. Si vous voulez entendre son histoire, je puis vous la conter.
Je l’en priai, et elle commença.
Il y a dans cette paroisse un manoir qui s’appelle Kervouron, du nom du seigneur qui l’habitait aux temps anciens. Ce seigneur était un homme ambitieux et capable de tout pour réussir. Il alla faire un voyage en Angleterre, dans l’espoir d’y amasser des richesses, et il fit tant et si bien qu’il finit par être présenté au roi. Or il y avait déjà des années que le roi était malade de la lorgnès 1, qui est, à ce que j’ai appris, un mal terrible et honteux, quelque chose d’aussi épouvantable que la peste.
– Vous êtes en bien mauvais état, sire, lui dit Kervouron en le saluant.
– Hélas ! répondit le roi, j’ai fait venir de tous les pays du monde les médecins les plus réputés. Mais ils ne font que hocher la tête et croiser les mains sur leur ventre, en signe d’impuissance.
– Et que donneriez-vous à celui qui vous guérirait, sire ? demanda Kervouron.
– Ce que je donnerais, Jésus mon Dieu !... Je lui donnerais à l’instant même la moitié de mon royaume et la main de ma fille par-dessus le marché.
Il faut vous dire que la fille du roi d’Angleterre était, sans conteste, la plus belle princesse qu’on eût vu marcher sous le soleil béni.
– Eh bien ! sire, prononça Kervouron, je reviendrai vous voir. Je n’en dis pas davantage pour le moment.
Et le voilà de reprendre la mer, pour s’en retourner en Basse-Bretagne, au pays de Lanmeur. Il connaissait, non loin de son château, une sorcière dont les conseils lui avaient été utiles en plus d’une circonstance.
– Ma commère, lui dit-il, j’ai besoin d’un bon avis.
Et il la mit au courant de l’affaire. La sorcière réfléchit quelques instants. Enfin elle répondit :
– Je ne vois qu’un moyen de sauver le malade, car je ne sais qu’un remède contre la maladie. Il faut que vous vous procuriez un enfant noble de six mois, que vous le fassiez rôtir sur un gril et que vous donniez à manger de sa chair au roi.
– Mais où le prendre, cet enfant ?
– Est-ce que votre sœur Tryphina, la femme du roi Arzur, n’est pas sur le point d’en avoir un ? Cet enfant remplirait admirablement les conditions voulues, et au-delà, puisqu’il sera noble des deux côtés, tant par son père que par sa mère.
– Ainsi vous me conseillez... ?
– Je vous conseille de décider, dès aujourd’hui, votre beau-frère, le roi Arzur, à vous accompagner en Angleterre, sous un prétexte ou sous un autre. Pendant son absence, sa femme, votre sœur, ne demandera pas mieux que d’aller habiter votre château de Kervouron, qui est une belle résidence, en bon air, et où, à cause de la proximité de Lanmeur, elle aura la sage-femme, pour ainsi dire, sous la main.
Cette sage-femme, entendez-vous avec elle. Moyennant quelques écus, vous vous en ferez une auxiliaire docile, qui exécutera vos ordres ponctuellement. Il faudra qu’elle fasse croire à la mère que le nouveau-né sera mort en venant au monde, qu’elle le fasse élever en secret et qu’elle vous l’expédie en Angleterre avec sa nourrice.
Ainsi parla la sorcière. Et Kervouron de lui obéir incontinent.
II
Huit jours après, il s’embarquait pour l’Angleterre, accompagné du roi Arzur, tandis que Tryphina s’installait avec joie au château de Kervouron. Et, peut-être sept semaines plus tard, la nourrice et le nourrisson cinglaient à leur tour vers Londres. Quelques incidents signalèrent la traversée, qui montraient que ce nourrisson n’était pas un enfant ordinaire.
Par exemple, à peine le navire eut-il gagné la haute mer qu’il s’éleva une tempête subite, épouvantable. Vent, éclairs, coups de tonnerre. Les matelots se crurent perdus. Ils s’imaginèrent que c’était le nouveau-né qu’ils avaient pris avec eux qui leur portait malheur.
– Jette ce marmot à la mer, crièrent-ils à la nourrice blottie au pied du mât, sinon nous allons couler tous !
– Jamais je ne ferai cela, répondit-elle. S’il doit être jeté à la mer, je l’y veux suivre.
Elle allait s’y précipiter. Mais l’enfant étendit les bras, et les éléments furieux se tranquillisèrent aussitôt, comme des chiens battus. Il se produisit encore un autre miracle.
La nourrice était jeune, fraîche et jolie. Les marins, qui étaient des hommes rudes et à demi païens, complotèrent, parce qu’ils la tenaient à leur merci, d’abuser de sa faiblesse. Un jour, ils lui déclarèrent, en la cernant :
– Que tu le veuilles ou non, il faut que tu en passes par où il nous plaira.
– Tout de même, répondit-elle, vous êtes des scélérats sans conscience. Hier, vous demandiez la mort d’un enfant, et maintenant vous prétendez attenter à l’honneur d’une femme !...
Les matelots s’approchaient déjà pour la saisir. Mais, de nouveau, l’enfant étendit les bras, et les trois hommes – ils étaient trois – furent soudain changés en autant de statues de pierre. En même temps, le pont s’ouvrait sous eux, et ils étaient engloutis à fond de cale.
Cependant le navire, quoiqu’il n’y eût plus personne pour vaquer à la manœuvre, continuait de voguer toutes voiles dehors. En sorte qu’il ne tarda pas à arriver en vue de Londres.
Notre saint-père le pape habitait alors cette ville. Et justement il était à sa fenêtre, en train de prendre le frais, comme chaque soir, en contemplant la mer.
– Voyez donc, dit-il tout à coup à un des prêtres qui se tenaient auprès de lui, voyez donc l’étrange navire ! Point d’équipage, ni de capitaine, ni de pilote !... Personne à bord, si ce n’est, sur la dunette, une nourrice avec son nourrisson dans ses bras !... Il faut que je m’informe de ce que cela signifie.
Et le pape de se rendre au quai, où le navire, de lui-même, venait d’accoster.
– D’où arrivez-vous de la sorte, bonne nourrice ? demanda-t-il à la fille de Lanmeur.
– Ma foi, monsieur le recteur 2, répondit celle-ci, qui n’avait jamais vu de pape, j’arrive de bien loin ; j’arrive de Lanmeur en Basse-Bretagne, de l’autre côté de la mer grande.
– Et qui est cet enfant que vous portez dans vos bras ?
– La sage-femme qui me l’a confié ne m’a point révélé qui il était. Elle m’a seulement dit de m’embarquer avec lui pour Londres et que là je trouverais son père, à m’attendre sur le quai.
– Et vous n’avez vu venir personne ?
– Personne, excepté vous.
– Eh bien ! suivez-moi ; je veux que ma maison soit la vôtre et celle de cet enfant.
– Mais, objecta la nourrice, on m’a bien recommandé de ne remettre l’enfant qu’à son père.
Le pape sourit et dit :
– Remettez-le-moi donc, je suis le père de tous les chrétiens ; je suis celui qu’on nomme le saint-père le pape.
Comme bien l’on pense, la nourrice ne se fit pas prier davantage. Or, tandis qu’elle s’acheminait avec le fils de Tryphina vers la maison du pape, Kervouron débouchait sur le quai, mais trop tard. Il ne trouva dans le navire que les trois matelots pétrifiés, étendus de leur long à fond de cale, lesquels, étant devenus sourds et muets, ne purent ni l’entendre ni lui répondre.
Il regagna son hôtellerie, furieux contre sa sœur Tryphina, parce que son enfant lui échappait. Et il jura par tous les démons infernaux qu’il se vengerait d’elle. Comme son beau frère, le roi Arzur, s’avançait à sa rencontre, il prit un air tout triste, tout désolé, comme quelqu’un qui apporte de mauvaises nouvelles.
– Qu’avez-vous donc, Kervouron ? demanda le roi, et pourquoi cette mine si longue ?
– Il y a, dit Kervouron, que je viens d’avoir des nouvelles de Tryphina, ma sœur et votre femme. Des matelots de Lanmeur m’ont raconté sur elle des choses horribles que je rougis de répéter. Elle a mis au monde, depuis quelque temps déjà, un enfant mâle, beau comme le jour ; mais son premier soin, paraît-il, a été de l’étrangler de ses propres mains. Qu’elle ait ou non commis ce crime, toujours est-il qu’on ne sait ce qu’est devenu le pauvre nouveau-né.
– Tryphina, une femme si douce et si parfaite, avoir accompli un forfait aussi abominable ! s’écria Arzur... Je retourne de ce pas en Basse-Bretagne. Je convoque mes juges et je leur livre cette mère dénaturée, pour qu’ils la condamnent selon la loi.
Le soir même il était en route... Quand Tryphina apprit par le son des trompes et des cors que son mari était de retour, elle courut toute joyeuse au-devant de lui. Mais Arzur, la regardant d’un œil sévère, lui demanda :
– Que n’avez-vous apporté votre fils dans vos bras pour saluer son père ?
– Hélas ! répondit Tryphina fondant en larmes, les gens ne vous ont-ils pas prévenu qu’il était mort en naissant ?
– Vous mentez, mère indigne, car c’est vous qui l’avez étranglé de vos propres mains ! Hommes, poursuivit-il en se tournant vers ses gardes, empoignez cette femme et jetez-la en prison...
Pendant que Tryphina était en prison, elle vit par la lucarne sa femme de chambre qui passait.
– Ma camarade, lui dit-elle, si tu m’aimes, donne-moi des hardes de pauvre. Plutôt que d’attendre ici le jugement, j’aime mieux fuir loin de ce pays et mendier mon pain le long des routes.
La servante eut pitié d’elle et lui glissa, la nuit, par la lucarne, les effets de pauvre qu’elle sollicitait. Et Tryphina, ainsi déguisée, sortit de la prison sans être reconnue du geôlier.
III
Elle marcha longtemps, longtemps.
Enfin elle arriva près d’une chapelle dont la porte était ouverte. Elle entra, s’assit sur une chaise et s’y endormit de lassitude. La chapelle dépendait du manoir voisin. La dame du manoir, étant venue le matin, suivant son habitude, réciter ses prières dans la chapelle, réveilla Tryphina et, voyant son air de fatigue et ses misérables vêtements, eut compassion d’elle, au point de lui proposer sur-le-champ d’entrer à son service.
– Votre physionomie me plaît, dit-elle. Vous avez la mine humble et douce. Venez, vous serez ma femme de chambre. Vous êtes de loin d’ici apparemment, à en juger par votre costume. Quel nom avez-vous ?
– J’ai nom Marie-Yvonne, répondit Tryphina, qui ne se souciait pas de livrer son nom véritable.
– Eh bien ! Marie-Yvonne, suivez-moi ; vous ne recevrez que de bons traitements dans ma maison.
Et, en effet, elle eût vécu heureuse dans ce manoir, si elle avait pu oublier combien brutalement s’était comporté envers elle le roi son époux, qu’elle aimait tant... Sa maîtresse ne savait plus se passer de sa compagnie, et rien ne lui était plus agréable que son entretien. Souvent elle lui disait :
– Marie-Yvonne, vous avez plutôt l’air d’une grande dame que d’une fille de condition.
Quelquefois aussi elle interrogeait Tryphina sur son passé. Mais celle-ci baissait la tête et se contentait de répondre :
– Je suis une mineure, voilà tout, une pauvre mineure 3 délaissée, n’ayant plus un parent ni un proche.
Or, un soir, le petit page vint annoncer à la dame qu’un grand et beau seigneur demandait à lui parler... La dame aussitôt de descendre. On entendait le cheval du seigneur piaffer dans la cour. Tryphina s’approcha de la fenêtre pour voir quel pouvait être ce visiteur... Elle faillit se pâmer de saisissement, d’espérance et de crainte tout à la fois en reconnaissant le roi Arzur !
C’est que, dans l’intervalle, l’innocence de la reine avait été proclamée. La sage-femme avait fait des aveux, sans dénoncer toutefois Kervouron, dont elle redoutait le farouche ressentiment. Et le roi, depuis un an, battait les chemins à la recherche de Tryphina. On lui avait signalé la présence, dans le manoir, d’une servante venue on ne savait d’où et qui paraissait avoir eu des malheurs.
– Voudriez-vous, s’il vous plaît, me permettre de parler à la jeune fille que vous avez pour femme de chambre ? demanda-t-il à la dame, quand on l’eut introduit auprès d’elle.
– Volontiers, dit la dame. Seulement, apprenez-moi d’abord, je vous prie, si c’est pour son bien ou pour son mal que vous êtes venu.
– Pour son bonheur et pour le mien, repartit le prince Arzur, si, du moins, elle consent à pardonner les souffrances que je lui ai fait endurer naguère et à me rendre ses bonnes grâces.
Tryphina fut mandée, et, sitôt qu’elle se montra sur le seuil de la porte, le roi se précipita comme un suppliant à ses genoux.
– Je vous ai soupçonnée à tort, s’écria-t-il, je m’en repens de tout mon cœur et je vous aime plus que jamais.
Voilà donc Tryphina et son mari plus épris que jamais l’un de l’autre. Mais l’odieux Kervouron vint de nouveau se mettre à la traverse de leur félicité.
Il était rentré d’Angleterre, furieux de n’avoir pu guérir le roi de ce pays, ni, par conséquent, obtenir la main de sa fille avec la moitié de son royaume. Et sa haine contre Tryphina n’avait fait que s’accroître par cet échec. Il l’alla cependant voir, s’excusant de s’être laissé tromper si indignement sur son compte et lui faisant gracieux visage, jusqu’à l’inviter à venir, avec son mari, passer quelques jours dans son château de Lanmeur.
Le misérable avait ses projets.
Tryphina, heureuse de l’amitié que lui témoignait son frère, se rendit à son invitation avec empressement, et le roi Arzur, qui ne voulait plus se séparer de sa femme, l’accompagna. Kervouron cependant dit un matin à deux de ses soldats :
– Voici de l’or et de l’argent à foison, à la condition que vous exécuterez mes ordres. Vous n’ignorez pas que Tryphina aime à se promener dans le jardin. Vous irez à elle et vous lui direz que je l’attends dans le petit bois qui est derrière, que j’ai un pressant besoin de lui parler. Vous la suivrez jusqu’au bois, et là, de gré ou de force, vous l’embrasserez.
Ayant congédié les deux hommes d’amies, il alla rejoindre le roi Arzur.
– Faisons une promenade, lui dit-il. Tryphina est déjà levée : je l’ai vue s’acheminer vers le petit bois qui est derrière le jardin. Nous sommes sûrs de l’y rencontrer.
Ils entrèrent dans le petit bois juste comme les soldats embrassaient la reine par traîtrise.
– Ceci est trop fort, s’écria Kervouron. Comment ! ma sœur donne maintenant rendez-vous à des goujats et se fait embrasser par leurs bouches sales !...
Quant au roi, il était blême de rage.
– Qu’on enlève cette mauvaise femme de devant mes yeux, commanda-t-il. Cette fois elle n’échappera point au châtiment...
Les juges la condamnèrent à être décapitée.
IV
Laissons-la pour l’instant dans la prison où elle attend la mort, et retournons en Angleterre. Le fils de Tryphina allait avoir neuf ans. Le pape l’avait fait baptiser ; mais, à cause de son air noble, on ne l’appelait jamais que Baron bihan (petit baron). Il avait beaucoup grandi en force et en sagesse. Un matin le saint-père entra dans la chambre de la nourrice.
– Le moment est venu, lui dit-il. Préparez un habit blanc à l’enfant ; qu’il ait épée à son côté et cheval pour le porter. Il faut qu’il arrive à Lanmeur à temps pour empêcher qu’on ne décapite sa mère.
Le Baron bihan ne se tenait pas d’aise, tandis qu’on l’habillait en chevalier. Lorsqu’il prit terre dans le pays de Lanmeur, le sol trembla sous les sabots de sa monture.
Tryphina, agenouillée, se préparait saintement à recevoir le coup mortel.
C’est alors que le Baron bihan parut.
– Ne touchez pas à ma mère, cria-t-il, ou vous saurez ce qu’il vous en coûtera !
– Quel est ce marmot ? dit l’insolent Kervouron.
– Quelqu’un qui est prêt à te prendre mesure, malgré tes dix pieds de haut, païen de malheur !
Et voilà les épées en l’air.
Du premier coup, l’enfant transperça le ventre de Kervouron d’un coup si véhément que les entrailles sortirent et se répandirent dans l’herbe. Alors le mécréant implora pitié. Il tomba à genoux et fit de ses crimes une confession entière, demandant pardon aux assistants avant de rendre l’âme.
Tryphina, à partir de ce jour, vécut heureuse auprès de son mari. Celui-ci, quand elle mourut, lui fit faire de somptueuses funérailles, auxquelles tout le pays assista. Elle avait choisi pour sa sépulture la colline où nous sommes ; on lui érigea l’église que voilà et qui, en mémoire d’elle, reçut le nom de Kemitron, c’est-à-dire « maison de la Dame », afin que, morte, elle demeurât la grande souveraine de la contrée sur laquelle elle avait régné vivante.
Tel est le récit que la vieille Jacquette Craz, filandière de son métier et « pèlerine par procuration », aussi souvent que l’on a recours à ses offices, me conta de sa délicieuse voix chantante, à Kemitron de Lanmeur, un soir d’août, comme la nuit tombait.
Anatole LE BRAZ,
Contes du soleil et de la brume,
1905.