L’écolier

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Xavier MARMIER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DANS la rue qui conduit à l’église chemine tristement un jeune écolier. Il monte d’un pas lourd l’escalier du parvis, fait le signe de la croix avec l’eau du bénitier et s’avance la tête baissée vers le confessionnal.

Son petit cœur bat vivement, et des pleurs roulent dans ses yeux bleus. Un vieux prêtre l’aperçoit et lui dit :

« Pourquoi ces larmes, mon enfant ? Pourquoi semblez-vous si triste ?

– Oh ! mon père, mon père, répond le doux écolier, j’ai péché, et je ne puis avoir la paix de la conscience tant que je n’aurai pas obtenu mon pardon. Écoutez, s’il vous plaît, ma confession. »

Il s’agenouille pieusement, mais les pleurs et les sanglots altèrent tellement sa voix qu’il ne peut, malgré ses efforts ; prononcer une parole distincte.

Le prêtre, après avoir vainement essayé de l’entendre, lui dit avec un affectueux accent :

« Puisque vous ne pouvez faire de vive voix votre confession, faites-la par écrit ; dans le petit sac d’écolier que vous portez au col, vous devez avoir une ardoise, un crayon. »

L’enfant obéit. Il prend son crayon, il écrit, et il ne cesse de pleurer. Ligne par ligne, enfin, son douloureux récit est achevé. Il présente sa tablette au prêtre et paraît soulagé.

Mais les pleurs tombant sur son ardoise ont fait disparaître tous les caractères que sa main y traçait. Il n’y reste pas un mot lisible.

Le pieux prêtre alors, se tournant vers le pauvre petit et lui remettant son ardoise :

« Allez, mon enfant, lui dit-il, allez en paix. Par les larmes de votre repentir, toutes vos fautes sont effacées. »

 

 

 

Xavier MARMIER,

Contes populaires de différents pays,

1880.

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net