Les oiseaux du ciel
Jésus, enfant divin, semblait pareil aux autres,
Quelquefois, il avait de gentils compagnons,
Obscurs prédécesseurs de ces vaillants apôtres...
Et c’étaient des petits dont nul ne sait les noms...
Ils jouaient dans les prés au bord de l’eau qui jase
Ou menaient leurs ébats aux vignes des coteaux,
Puis allaient vers l’étang chercher un peu de vase
Qui séchait au soleil à l’entour des roseaux.
Plusieurs en pétrissaient des figues, des noisettes,
Quelques-uns des poissons ; Jésus formait des croix,
Et d’autres essayaient d’étroites cassolettes
Qui se rompaient toujours aux efforts de leurs doigts.
Un soir d’automne, unis en leur troupe légère,
Où la terre est meilleure à la fin des sillons,
Sous leurs petites mains, ils s’appliquaient à faire,
En criant de plaisir, de vagues oisillons.
Or, le fils de Joseph les prenait dans sa paume,
Pour les lancer, vivants, d’un souffle créateur,
Comme des messagers au céleste royaume,
Et riait de les voir se perdre en la hauteur...
Afin de les garder des périls du voyage
Et des maigres vautours qui croisaient leurs chemins,
De beaux anges penchés sur le bord des nuages,
Tendaient vers les oiseaux la caresse des mains.
Et, parmi les splendeurs des voûtes éternelles,
Jéhovah leur donnait tous les jardins des cieux
Pour mesurer l’essor agrandi de leurs ailes,
Et célébrer Jésus avec des chants joyeux.
Gabriel de PIMODAN.