La violette
Sur un riant coteau chantaient toutes les fleurs.
Tout fier, le lis vantait sa blancheur éclatante,
Le jasmin, son parfum et ses riches couleurs,
La rose, sa fraîcheur et sa mine charmante.
« C’est moi que l’amoureux arrose de ses pleurs,
Dit le myosotis, quand il pense à l’absente ;
– C’est moi, répond l’œillet, que tous les promeneurs
Cueillent pour attacher au sein de leur amante. »
Le bluet, redressant son dos courbé, leur dit :
« Le ciel a teint mon front, si ma pose est chagrine ;
– La fleur préférée est ma fleur », dit l’aubépine.
Mais soudain, du ciel bleu, la Vierge descendit,
Et, se penchant, cueillit des fleurs de la colline
La seule qui n’avait rien dit, mais qu’on devine.
Désiré PIRET.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.