Au tombeau de Selvaggia

 

 

J’allai sur la montagne haute et bienheureuse

Où j’adorai, en la baisant, la sainte pierre ;

Et je tombai sur cette pierre, hélas !

Où la très Pure avait son front,

 

Et qui renferme de toute vertu la source

Depuis le jour où la dame de mon cœur désespéré,

Jadis pleine des grâces les plus fameuses,

Franchit le pas cruel de la mort.

 

Alors j’ai appelé Amour ainsi :

Mon Dieu si doux, fais que d’ici la mort

Vers elle m’emporte, car ci-gît mon cœur !

 

Mais puisque mon Seigneur ne m’a pas entendu

Je suis parti en appelant encore Selvaggia,

Et j’ai repassé l’Alpe en clamant ma douleur.

 

 

 

Cino da PISTOIA.

 

 

Traduit par Jean CHUZEVILLE,

dans Anthologie de la poésie italienne

des origines à nos jours, Plon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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