Noël

 

 

 

Dialogue entre saint Joseph et un Hôtelier.

 

 

SAINT JOSEPH. – Holà ! maître, maîtresse, valets, servantes, où êtes-vous ? il y a une heure que je frappe, et personne n’arrive ! quelle politesse !

L’HÔTELIER. – Je me suis déjà levé trois fois : si cela continue encore, je ne dormirai pas beaucoup. Qui frappe là-bas ? quel est tout ce tapage ? Qui êtes-vous ? que voulez-vous ? qu’y a-t-il pour votre service ?

SAINT JOSEPH. – Mon bon ami, prenez la peine de descendre ; nous voudrions loger dans votre maison ; nous ne sommes que deux, ma femme et moi.

L’HÔTELIER. – Vous êtes des trouble-repos, des batteurs de grands chemins, qui ne songez qu’à faire le mal. Ma porte est fermée, bonsoir.

SAINT JOSEPH. – Nazareth est ma patrie ; je ne suis pas ce que vous croyez : je suis charpentier de mon état : je m’appelle Joseph, et ma femme Marie.

L’HÔTELIER. – J’ai assez de gens ici, je n’en veux plus ; Dieu vous donne meilleure chance ailleurs ; si vous m’en croyez, vous demanderez où est le logis de la Lune.

SAINT JOSEPH. – Donnez-nous l’hospitalité coûte que coûte ; logez-nous dans un galetas : nous payerons notre nourriture comme si nous étions à table d’hôte.

L’HÔTELIER. – Votre souper ne sera pas cuit à point : je crois que vous ferez maigre chère, car pour sûr vous passerez la nuit dans la rue.

MARIE. – Oh ! ne nous traitez pas ainsi ! Hélas ! voyez quel horrible temps, ouvrez-nous ! Si vous tardez encore, vous nous trouverez morts sur le seuil de votre maison.

L’HÔTELIER. – Votre femme m’inspire de la pitié ; elle me rend plus affable : eh bien ! je vous logerai par compassion dans ma petite écurie.

 

 

 

SABOLY.

 

Recueilli dans Le troubadour moderne ou

Poésies populaires de nos provinces méridionales,

traduites en français par M. Cabrié, 1844.

 

 

 

 

 

 

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