Conte de Noël
Chargé de richesses volées,
Tenant son haleine et sans bruit,
L’homme s’enfuyait dans la nuit
Sur les toits aux pentes gelées.
Or, c’était le soir de Noël,
Où Jésus, aux enfants bien sages,
Donne bonbons, jouets, images,
Qu’il emporte avec lui du Ciel.
Et Jésus vit le triste hère
Qui se sauvait en trébuchant.
Et Jésus dit : « C’est bien méchant
D’offenser ainsi Dieu et mon père. »
Lors le voleur tout ébloui
Par l’or de la splendeur divine
Se courbe et frappe sa poitrine
Devant ce spectacle inouï.
Comme Jésus songeait : « Messire,
Dirent ses anges inquiets,
Il ne reste plus de jouets,
Plus de bonbons, de tirelires,
Parce que vos petits enfants
Furent trop sages cette année
Et pourtant mainte cheminée
Attend vos cadeaux triomphants. »
Et Jésus fit cette prière :
« Permettez, ô Dieu des humains,
Que cet homme, pour ses larcins,
Soit condamné, sa vie entière,
À faire amuser les petits. »
L’homme fut fait polichinelle
Et l’expiation nouvelle
Lui revalut son paradis.
Hippolyte SIVAN.
Recueilli dans Récitations enfantines,
choisies par Idola Saint-Jean,
Montréal, Granger Frères, 1927.